5 mesures pour survivre à une guerre commerciale mondiale

La semaine dernière, le président américain Donald Trump, contre l’avis de presque tous les économistes professionnels, a annoncé l’imposition de droits de douane importants à presque tous les pays du monde, déclenchant ainsi une guerre commerciale mondiale.

Que la chaîne d’approvisionnement de votre entreprise soit perturbée et que la demande pour vos produits diminue ou que votre ménage ait du mal à joindre les deux bouts, vous devez rester attentif. Il existe cinq types de mesures à envisager pour avoir une chance de s’imposer dans le chaos inexorable qui engloutit déjà le monde.

1. Voir au-delà du flot de désinformation

Vous devez vous rendre compte que vous n’êtes pas le seul à vous efforcer de comprendre ce qui se passe. L’annonce faite par le président américain le 2 avril contenait un flot de désinformations. Au niveau le plus élémentaire, Donald Trump ne semble savoir qu’occasionnellement qu’un tarif douanier est une taxe pour le pays qui l’impose, créant ainsi un fardeau économique pour les citoyens de ce pays.

Il n’est pas vrai, comme il l’a prétendu le 2 avril, que les États-Unis sont « un pays vidé de sa substance avec des usines vides, des travailleurs au chômage et des salaires stagnants ». Le fait est qu’au cours des dernières décennies, les États-Unis ont surpassé tous leurs concurrents et sont aujourd’hui le pays dominant de l’économie mondiale. Comme le note le célèbre auteur et journaliste américain Fareed Zakaria :

• L’économie américaine a doublé depuis 2008, alors que la zone euro a stagné.
• Le salaire moyen aux États-Unis est aujourd’hui supérieur d’environ 40 % à celui des autres économies avancées, alors qu’il ne l’était que de 20 % en 1990.
• Aujourd’hui, les revenus personnels des Américains sont environ 150 % plus élevés que ceux des Japonais, alors qu’en 1995, les revenus personnels des Japonais étaient 50 % plus élevés que ceux des Américains.
• Si l’industrie manufacturière américaine a décliné au cours de ce siècle, principalement en raison de l’augmentation des revenus des particuliers, ce déclin a été plus que compensé par l’extraordinaire croissance des services grâce à l’exportation de logiciels, de films, de musique, de droit et de services bancaires.

2. Reconnaître les risques d’une guerre commerciale pour tous

La dernière grande guerre commerciale des années 1930 s’est accompagnée d’une réduction de 60 % du commerce mondial. Elle a été lancée par le président américain Herbert Hoover le 17 juin 1930 avec l’adoption du Tariff Act, connu sous le nom de Smoot-Hawley Tariff Act.

Cette loi a augmenté les droits de douane sur plus de 20 000 produits importés dans le but de protéger les industries américaines de la concurrence étrangère. La plupart des pays ont riposté en augmentant leurs droits de douane.

En 1930, lorsque la loi Smoot-Hawley a été adoptée, le taux de chômage était de 8 %, mais la nouvelle loi n’a pas réussi à le faire baisser. Le chômage a grimpé à 16 % en 1931 et à 25 % en 1932-1933. Dans l’ensemble, le commerce mondial a diminué de deux tiers entre 1929 et 1934, sous l’effet conjugué de la guerre commerciale mondiale et de la limitation de la masse monétaire.

Compte tenu de l’histoire désastreuse des précédentes guerres commerciales, presque tous les économistes ont donné de multiples raisons pour lesquelles cette nouvelle guerre commerciale a peu de chances de réussir. Les détails spécifiques annoncés par Donald Trump la semaine dernière ont aggravé ces inquiétudes.

Le président américain a donné des raisons multiples et incohérentes pour imposer des droits de douane sans précédent à plusieurs centaines de pays, y compris à des pays qui n’appliquent pas de droits de douane aux produits américains. Le secrétaire d’État américain au Commerce a déclaré que les droits de douane étaient permanents, alors que le président américain a indiqué qu’ils étaient négociables. Le secrétaire d’État américain aux Finances a déclaré qu’il ignorait si les droits de douane étaient négociables ou permanents.

La Chine a déjà annoncé des mesures de rétorsion tarifaires de 34 % sur toutes les importations américaines en Chine. D’autres pays et régions, dont l’Europe, envisagent également de prendre des mesures de rétorsion. Les marchés boursiers du monde entier ont continué à plonger depuis l’annonce. Les coûts de tous les produits aux États-Unis risquent d’augmenter considérablement. Le chômage augmentera. L’inflation augmentera.

Il est peu probable que le gouvernement américain revienne sur sa décision dans les mois à venir, et même s’il le faisait, la reprise ne serait pas rapide. De nombreux analystes considèrent que la probabilité d’une récession économique mondiale est désormais supérieure à 50 %, pour les raisons indiquées ci-dessous.

Ces facteurs rendent la planification très difficile pour les particuliers, les entreprises et les familles. Il est difficile d’aller de l’avant comme si tout était normal, alors que l’on sait que ce n’est pas le cas.

Avec le président américain Donald Trump qui cherche à renverser des décennies de mondialisation et à passer outre les règles commerciales mondiales, les marchés sont dans la tourmente pour de bonnes raisons. Il serait stupide de penser que rien n’a changé, et il ne suffit pas de souhaiter que les turbulences disparaissent.

La dernière guerre commerciale remonte à près d’un siècle. Cela signifie que la plupart des gens n’ont aucune expérience sur laquelle s’appuyer pour se rassurer. C’est pourquoi il est plus difficile, mais aussi plus important que jamais, de penser clairement en ce moment.

3. Réparer ce qui doit l’être de toute façon

Pour s’imposer en période de chaos, il faut penser clairement à un moment où tout le monde est troublé. Au niveau le plus élémentaire, il y a des décisions que vous pouvez prendre maintenant et que vous ne risquez pas de regretter plus tard. Vous devez réparer les choses qui en avaient de toute façon besoin. Il peut s’agir :

• dans une entreprise, de supprimer des activités et des programmes qui devaient l’être de toute façon ;
• en tant qu’investisseur, c’est peut-être le bon moment pour vendre des actions que vous alliez vendre de toute façon, tout en suivant les conseils de votre courtier en valeurs mobilières ;
• au sein d’une famille, vous pouvez envisager des mesures visant à resserrer le budget de votre famille. En dépensant moins et en épargnant davantage, vous pourrez faire face à toutes les tempêtes du marché.

4. Rechercher des actions à faible risque avec un gain positif à long terme

Si rien n’est certain à court terme, certaines choses sont très probables à long terme. « En fin de compte, les coûts des droits de douane seront reconnus et ils seront annulés », affirme Bryan Taylor, économiste en chef chez Finaeon, une société de recherche d’Irvine, en Californie, qui compile et analyse des siècles de données financières. « Lorsque l’on regarde le passé, on s’aperçoit que les marchés finissent par se redresser, parce qu’avec le temps, la logique l’emporte. »

En tant qu’investisseur, tout en suivant les conseils de votre courtier en valeurs mobilières :

• envisagez d’encaisser les dividendes de vos actions ou de vos fonds plutôt que de les réinvestir dans d’autres actions ;
• investissez dans des actions internationales ou des obligations, en particulier des titres protégés contre l’inflation ;
• déplacez vos fonds vers des entreprises qui ont des antécédents de gains positifs à long terme et abandonnez les entreprises dont les rendements totaux à long terme sont faibles.

En tant qu’entreprise :

• cherchez à obtenir des exemptions ou des exceptions pour votre entreprise si vous avez accès à ceux qui ont le pouvoir de les accorder ;
• arrêtez tout programme dont les perspectives de réussite à long terme sont faibles ;
• recherchez des chaînes d’approvisionnement alternatives pour soutenir ou remplacer les sources existantes d’intrants.

En tant que famille :

• demandez-vous si c’est le bon moment pour engager des dépenses importantes, comme l’achat d’une nouvelle voiture ou des vacances coûteuses ;
• trouvez des alternatives moins coûteuses qui peuvent améliorer votre vie de famille.

5. Transformer une situation extrêmement difficile en un gain majeur

Une fois que vous avez réglé les problèmes qui devaient l’être et profité des opportunités évidentes, il est peut-être temps d’envisager la possibilité d’agir en tant qu’entrepreneur. Vous devez reconnaître que lorsque tout et tout le monde est sens dessus dessous, c’est peut-être le moment de faire preuve de sang-froid et de réaliser des gains importants.

Comme le note Jason Zweig, chroniqueur au Wall Street Journal, « si vous vous en tenez aux deux couches sûres, vous n’avez pas besoin d’avoir raison sur la façon dont la guerre commerciale de Donald Trump se déroulera en fin de compte. » Pour investir en vue de la retraite ou s’occuper de sa famille, ce n’est peut-être pas le moment de prendre des risques importants.

Cependant, dans une entreprise, la manière entrepreneuriale d’envisager l’incertitude est d’essayer de trouver les grandes opportunités. À une époque de bouleversements massifs, tout le monde est à la recherche de nouvelles réponses. C’est peut-être le moment pour votre entreprise de les fournir. Si vous parvenez à devancer les autres, vous vous rétablirez plus rapidement et vous pourrez peut-être devenir un grand gagnant.

C’est d’autant plus vrai qu’à partir de là, tout peut arriver. La confiance dans le système du commerce mondial a été ébranlée et il faudra du temps et de la patience pour la rétablir. L’inflation, la récession, voire pire, pourraient en résulter. Cependant, des surprises extraordinairement positives pourraient aussi se matérialiser.

Ainsi, en cas de crise, les besoins des clients ne disparaissent pas. Par conséquent, si vous pouvez imaginer de nouvelles réponses pour satisfaire ces besoins, vous pouvez réaliser des gains importants. En bref, « vous vous engagez dans une réflexion extrême », déclare Jonathan Treussard de Treussard Capital Management.

Une contribution de Steve Denning pour Forbes US, traduite par Flora Lucas

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