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Droits de douane de Donald Trump : un coup dévastateur pour les pays émergents

Avec la dissolution soudaine de l’USAID et l’annonce de nouveaux droits de douane sur certains pays à excédent commercial, l’administration Trump bouleverse les équilibres du commerce mondial. Ces décisions pourraient freiner des décennies de progrès en matière de développement.

 

Le 2 février 2025, Donald Trump a officialisé une nouvelle vague de droits de douane sur les importations issues de pays affichant un excédent commercial important avec les États-Unis. Cette mesure, selon la Maison-Blanche, vise à « rétablir un commerce équitable ». Si la Chine et l’Union européenne sont directement visées, de nombreux pays émergents craignent des répercussions indirectes, voire directes.

En Asie du Sud-Est et en Afrique, des pays comme le Cambodge, le Bangladesh, Madagascar ou encore le Lesotho pourraient voir leurs exportations vers les États-Unis lourdement taxées. Ces économies, très dépendantes de filières d’exportation comme le textile ou l’agroalimentaire, sont particulièrement vulnérables à toute variation brutale des conditions d’accès au marché américain.


La fin brutale de l’USAID

Cette offensive tarifaire survient peu après une autre décision controversée : la fermeture de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), annoncée début février 2025. L’administration Trump a justifié cette décision par une volonté de « rationalisation budgétaire » et un recentrage des priorités nationales. Elon Musk, récemment nommé à la tête du tout nouveau Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE), a vivement critiqué l’utilité de l’agence, estimant que « les résultats ne justifiaient plus les dépenses ».

Fondée en 1961 sous l’administration Kennedy en tant que pièce maîtresse de l’aide internationale, l’USAID représentait jusqu’en 2024 près de 35 milliards de dollars de budget annuel, soit environ 30 % de l’aide humanitaire mondiale. Sa disparition a entraîné l’interruption immédiate de milliers de projets dans des domaines aussi vitaux que la santé, l’éducation ou l’agriculture durable, notamment dans des régions déjà fragilisées.

 

La chasse aux excédents commerciaux

La Birmanie, touchée fin mars par un important tremblement de terre, se voit infliger par l’administration Trump des droits de douanes de 44 %, soit bien plus que les taxes sur les exportations en provenance de l’Union européenne (20 %). Le Sri Lanka, qui a une dette conséquente, obtient également un droit de douanes de 44 %.

Mais c’est le Cambodge qui se voit imposer les tarifs les plus élevés (49 %) parce que le pays asiatique taxerait trop les importations américaines. Le Cambodge, exportateur majeur de textile, est particulièrement dans le viseur, avec un déséquilibre commercial jugé excessif par Washington : environ 10 milliards de dollars d’exportations vers les États-Unis contre à peine 265 millions d’importations américaines.

Le Bangladesh, également très dépendant du textile, ainsi que Madagascar (vanille) ou le Lesotho (diamants), pourraient subir des droits similaires. Ces économies spécialisées risquent de voir leurs débouchés commerciaux brutalement réduits, au risque d’une perte d’emplois massive et d’un recul du développement.

 

Des taxes « absurdes » dans les DOM-TOM

Parmi les mesures annoncées par l’administration Trump figure également une taxation différenciée des produits importés depuis les territoires ultramarins français. Une décision qui, selon Manuel Valls, ministre des Outre-mer, témoigne d’un « cumul d’incohérences, d’absurdité et d’incompétence ». « L’intention initiale de taxer différemment les territoires ultramarins est profondément politique », a-t-il encore exprimé auprès de l’AFP. « La baisse des droits de douane est un héritage de la paix. Cette décision rappelle les erreurs des États-Unis dans les années 20 et 30 », a ajouté l’ancien Premier Ministre.

La décision américaine impose en effet des droits de douane de 10 % sur les produits en provenance de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane et de Mayotte, tandis que ceux originaires de La Réunion seraient taxés à hauteur de 37 %, sans qu’aucune justification claire n’ait été avancée. La Polynésie française resterait, elle, soumise à une taxe de 10 %, tandis que l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon se verrait appliquer un tarif de 50 %. Dans un communiqué, la région Réunion a fait part de sa « consternation » face à une décision « qui n’a aucun sens »

 


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