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Épuisement professionnel : un enjeu collectif de santé et de performance

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Épuisement professionnel : un enjeu collectif de santé et de performance

L’épuisement professionnel est devenu un sujet central dans le monde du travail et un enjeu majeur de santé au sein des entreprises. Selon le baromètre 2023 du cabinet Empreinte Humaine (OpinionWay), 2,5 millions d’actifs présentent un risque d’épuisement sévère.

Une contribution de Florence Perrichaud, coach-superviseure et mentor certifiée ICF et psychologue

 

Il est difficile de déterminer si cette maladie est plus fréquente aujourd’hui ou si nous en parlons simplement davantage. Les problèmes de santé mentale sont apparus avec l’évolution des métiers, en particulier dans les secteurs des services. Cependant, cette problématique n’a pas été anticipée en matière de prévention comme le montre l’étude de l’APEC (janvier 2025). Les cadres et leur entourage peinent à repérer les signes avant-coureurs de cet épuisement. Pire encore, elle coûterait aux entreprises plus de 1 300 milliards de dollars par an en perte de productivité à l’échelle mondiale.


Depuis la crise sanitaire, les aspirations des salariés ont évolué notamment en ce qui concerne l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Dès lors, comment les entreprises et les individus peuvent-ils prévenir le burn-out ?

 

La responsabilité partagée entre le salarié et l’entreprise

 

La prévention de l’épuisement au travail repose à la fois par la prise en compte dans l’environnement de travail et une responsabilisation individuelle. Les entreprises ont un rôle à jouer et créer un environnement de travail positif et collaboratif est essentiel. Les entreprises par leurs actions ont leur part pour encourager leurs collaborateurs à trouver du sens dans leurs tâches quotidiennes et à s’épanouir professionnellement. L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est un élément crucial de la santé au travail. Les entreprises qui favorisent le dialogue et donnent les autorisations nécessaires à leurs employés pour qu’ils puissent maintenir cet équilibre sont vecteurs de la mise en œuvre des ingrédients favorables. Mais comment garantir la bonne santé d’une entreprise sans prendre en compte la bonne santé de son dirigeant ? Bien que l’acte fondateur de la santé au travail date de 1946 ce n’est que depuis août 2021 que le suivi de la santé du dirigeant est placé au même niveau que celle du salarié.

La responsabilité est partagée entre l’individu et l’entreprise. Les entreprises doivent mener un travail actif d’identification des risques et mettre en place un plan de prévention adapté quitte à repenser leur modèle managérial. Il s’agit d’une interaction entre la responsabilité collective de l’organisation et la responsabilité individuelle de chaque employé.

 

L’autorisation et la responsabilité individuelle

 

Il est indispensable de s’accorder la responsabilité de prendre soin de soi. Car nul ne peut le faire mieux que soi-même. Une étape fondamentale pour éviter le burn-out est de définir ses propres limites et autorisations.

Comme le souligne Viktor Frankl, psychanalyste autrichien, « On peut tout enlever à un homme, sauf une chose : la dernière des libertés humaines – celle de choisir son attitude dans n’importe quelles circonstances, de choisir sa propre voie. » (Découvrir un sens à sa vie, Viktor Frankl). En d’autres termes, même si nous ne choisissons pas les situations que nous vivons, nous avons le pouvoir de décider comment nous les vivons.

 

Une organisation qui fonctionne est une organisation qui s’entretient

 

Il est essentiel de ne pas attendre que les signes d’épuisement apparaissent pour agir. Les entreprises ont tout intérêt à mettre en place des stratégies préventives pour maintenir la santé mentale et physique de leurs employés. Cela peut inclure l’utilisation d’outils de gestion du temps, l’intégration de moments de détente dans l’emploi du temps, et l’exploitation des technologies pour réduire le stress. Les entreprises ont aujourd’hui à leur disposition diverses solutions permettant d’accompagner leurs collaborateurs de manière préventive, en impliquant toutes les parties prenantes, des salariés aux dirigeants, en passant par les départements RH. L’accompagnement peut prendre la forme de programmes de coaching, où un professionnel externe à l’organisation facilite la réflexion et l’engagement des équipes autour de la gestion du stress, de l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle et de la prévention des risques. Ces démarches collectives et individualisées peuvent aider à mieux comprendre les enjeux, les leviers d’action et les mécanismes de soutien mutuel. Les interventions externes, souvent plus neutres, permettent de dénouer des situations complexes, de favoriser l’écoute active et de faire émerger des perspectives nouvelles. De telles initiatives, lorsqu’elles sont intégrées au sein de la stratégie RH, participent à créer un environnement de travail plus équilibré, où chacun peut évoluer en prenant en compte son bien-être tout en restant pleinement impliqué dans ses missions.

Les individus, quant à eux, doivent apprendre à reconnaître les signes de fatigue et de baisse de motivation et d’en identifier la cause : mauvaise symbiose vie professionnelle/vie personnelle ; une charge de travail trop importante ; un manque d’autonomie ou encore une inadéquation des valeurs… Chaque collaborateur peut s’entraîner à remplacer les « il faut que » et « je dois faire » par « je choisis de faire ». Cette approche proactive permet de maintenir un bon niveau d’énergie.

 

On n’a pas encore pris conscience que le travail sollicite énormément notre esprit et nos émotions, et qu’il existe des limites à ce que l’on peut supporter. En conséquence, de nombreux secteurs sont touchés par le mal-être et l’épuisement professionnel. Il existe des leviers pour éviter l’épuisement au travail tant individuels que organisationnels. Ce qui est certain, c’est que la prévention est essentielle pour maintenir l’efficience et le bien-être au travail. En repensant entièrement les organisations et en intégrant des pratiques de soutien individuel et collectif, il est possible de créer des environnements de travail sains et respectueux des enjeux de l’entreprise corrélés aux enjeux individuels. Pour prévenir l’épuisement au travail, il est important de comprendre que la santé mentale et physique des employés ne peut pas être considérée comme acquise. Tout comme aller régulièrement chez le médecin est essentiel pour rester en bonne santé, un environnement de travail sain demande une attention constante et des ajustements proactifs.

 

Source : Les chiffres clés du burn-out en France

 


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