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Le milliardaire Wang Chuanfu (BYD) profite des bons résultats du rival chinois de Tesla

BYD
Wang Chuanfu, foondateur et PDG de BYD. | Source : Getty Images

Wang Chuanfu, PDG du fabricant chinois de véhicules électriques BYD, a ajouté 9,3 milliards de dollars à sa fortune cette année, alors que l’entreprise chinoise a dépassé Tesla en termes de ventes mondiales. BYD accroit son avance sur le pionnier américain des véhicules électriques en Chine, même si la réalisation des ambitions mondiales de Wang Chuanfu se heurte à des obstacles majeurs.

 

Wang Chuanfu, 58 ans, dispose désormais d’une fortune nette de 28,5 milliards de dollars, essentiellement grâce à sa participation dans BYD, ce qui fait de lui le huitième homme le plus riche de Chine, selon les estimations de Forbes. Cette année, les actions de BYD, société à double cotation, ont augmenté de 57,5 % à Hong Kong et de 43 % à Shenzhen, atteignant presque des sommets historiques grâce à l’optimisme des investisseurs quant au potentiel de croissance de l’entreprise.

Les analystes estiment que BYD conservera sa position dominante sur le marché chinois des véhicules à énergie nouvelle, qui est le plus important au monde, tandis que Tesla pourrait continuer à perdre des parts de marché en raison d’une pénurie de modèles intéressants.

Selon les résultats annoncés lundi 24 mars, l’entreprise chinoise a livré 4,27 millions de véhicules dans le monde l’année dernière et a réalisé un chiffre d’affaires impressionnant de 777 milliards de yuans (107 milliards de dollars), soit une hausse de 29 % par rapport à l’année dernière et devant les 97,7 milliards de dollars de Tesla. Le bénéfice net a augmenté de 34,3 % en glissement annuel pour atteindre 40,3 milliards de yuans (5,5 milliards de dollars).

Contrairement à son rival américain, qui ne vend que des modèles purement électriques, BYD fabrique également des hybrides rechargeables. Sa large gamme de produits, associée à des prix souvent compétitifs, a permis à l’entreprise chinoise d’élargir sa base de consommateurs, explique par courriel Vincent Sun, analyste basé à Hong Kong au sein de la société de recherche Morningstar.

BYD ajoute de nouvelles fonctions de haute technologie pour continuer sur sa lancée. En février, l’entreprise a annoncé qu’elle proposait des fonctions de conduite autonome sur les modèles dont le prix est inférieur à 10 000 dollars. Un mois plus tard, elle a dévoilé un système de chargement de batterie capable de fournir 400 kilomètres d’autonomie à sa nouvelle berline Han L et à son nouveau SUV Tang L en seulement cinq minutes.

Les innovations de BYD contrastent avec Tesla, qui n’a pas mis à jour ses gammes de produits de manière significative depuis des années, explique par téléphone Yale Zhang, directeur général de la société de conseil Automotive Foresight, basée à Shanghai. Les avancées de son rival chinois en matière de conduite autonome devraient amener les consommateurs locaux à se demander pourquoi ils voudraient payer un supplément pour des services similaires de Tesla, selon Yale Zhang.

Tesla a déjà voulu faire payer un supplément pour son logiciel de conduite autonome, mais un essai très attendu de ce service a été interrompu ce mois-ci, l’entreprise déclarant qu’elle devait attendre les autorisations réglementaires. Sur les réseaux sociaux chinois, les utilisateurs se sont plaints du fait que le système ne reconnaissait pas les feux de circulation ou ne changeait pas de voie correctement. L’entreprise n’a pas répondu aux demandes de commentaires envoyées par courriel.

« Tesla n’a pas eu de bons résultats en Chine ces derniers temps », explique Yale Zhang.

Si le pionnier américain des véhicules électriques ne parvient pas à enrayer la chute, sa part de marché en Chine pourrait tomber à 5 % d’ici la fin de l’année, contre 7,6 % en 2024, selon Yale Zhang. Depuis le début de l’année, les actions de Tesla cotées au Nasdaq ont chuté de près d’un tiers en raison de la baisse des ventes sur les marchés clés et de l’engagement politique d’Elon Musk, qui devient de plus en plus controversé.

Cependant, Elon Musk dispose toujours d’une fortune nette de 347,7 milliards de dollars, qui repose non seulement sur sa participation dans Tesla, mais aussi dans d’autres entreprises telles que SpaceX, selon les estimations de Forbes.

Par ailleurs, BYD devrait conserver sa part du marché chinois des véhicules électriques, selon une note de recherche de CMB International datée du 25 mars.

Selon plusieurs analystes, BYD représentera environ un tiers du total des véhicules électriques livrés en Chine d’ici la fin de l’année.

Wang Chuanfu espère livrer 5,5 millions de voitures en 2025, dont près d’un million sur les marchés étrangers, selon une réunion d’analystes qui a eu lieu mardi 25 mars. Tous les analystes ne sont pas aussi optimistes. CMB International s’attend à ce que l’entreprise livre 5,25 millions de voitures cette année.

Eric Wen, responsable de la recherche au sein de la société de recherche Blue Lotus Capital Advisors, basée à Hong Kong, est plus optimiste. Il prévoit que BYD livrera 5,78 millions de véhicules cette année, avec une part de marché de 36 % en Chine.

Cependant, à court terme, les actions de l’entreprise ont certainement atteint des niveaux élevés, prévient Eric Wen sur WeChat. L’essentiel de la croissance de cette année ayant été pris en compte, les actions se négocient actuellement à 407 dollars de Hong Kong (52 dollars), dépassant l’objectif prévu par Eric Wen, qui est de 360 dollars de Hong Kong (46 dollars).

Vincent Sun, qui prévoit un objectif de 372 dollars de Hong Kong (48 dollars) par action, suggère aux investisseurs d’attendre avant d’acheter.

L’entreprise est confrontée à certaines incertitudes dans son expansion mondiale. Dans son rapport annuel 2024, Wang Chuanfu a décrit la conquête des marchés étrangers comme un objectif clé.

« À l’avenir, alors que le monde de l’automobile adopte l’IA, les marques automobiles chinoises ne peuvent plus se contenter de rattraper le temps perdu », écrit-il. « Avec un état d’esprit audacieux et novateur, le groupe mène la danse en s’associant à d’autres marques chinoises » pour se développer à l’échelle mondiale.

BYD progresse bien sur les marchés émergents, y compris en Asie du Sud-Est, et possède une usine en Thaïlande, indique Yale Zhang d’Automotive Foresight. Cependant, la géopolitique a joué un rôle de frein pour l’entreprise dans d’autres régions.

BYD a mis de côté pour une durée indéterminée un projet de construction d’une usine de véhicules électriques au Mexique, selon une source ayant connaissance du dossier. Les autorités mexicaines craignent que le fait d’accepter davantage d’investissements de la part de la Chine ne mette en colère le gouvernement Trump, qui pourrait penser que les entreprises chinoises veulent contourner les droits de douane en utilisant le Mexique comme porte dérobée pour vendre aux États-Unis.

Actuellement, BYD ne vend pas de voitures particulières aux États-Unis en raison des droits de douane punitifs, mais l’entreprise possède une usine en Californie qui fabrique des bus électriques.

En Europe, l’entreprise est confrontée à une enquête de l’Union européenne visant à déterminer si la Chine a accordé des subventions déloyales à une usine BYD en Hongrie, selon un rapport du Financial Times. Un porte-parole de l’entreprise n’a pas répondu à une demande de commentaire à ce sujet.

Matthias Schmidt, fondateur de la société allemande Schmidt Automotive Research, estime que les progrès de BYD en Europe n’en sont qu’à leurs débuts. Après que l’Union européenne a décidé l’année dernière d’augmenter les droits de douane sur les véhicules électriques fabriqués en Chine jusqu’à 45,3 %, l’entreprise a choisi d’assumer elle-même les coûts et n’a pas augmenté ses prix en Europe, explique-t-il.

Cependant, les consommateurs européens préfèrent toujours les marques locales, affirme Matthias Schmidt. BYD détient moins de 3 % du marché des véhicules électriques purs en Europe occidentale. Il s’attend à ce que l’entreprise augmente ses livraisons dans toute la région pour atteindre 90 000 voitures en 2025, soit une hausse de plus de 90 % par rapport aux 47 133 véhicules livrés en 2024, car elle a récemment commencé à livrer des véhicules hybrides également.

 

Une contribution de Yue Wang pour Forbes US, traduite par Flora Lucas


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