Jaguar dévoile sa nouvelle Type 00, un « concept car » présenté comme la première manifestation physique de sa « Renaissance ». Entre rupture esthétique, ambition artistique et stratégie industrielle, cette transformation marque un tournant radical pour le constructeur britannique. Plus qu’un modèle, la Type 00 incarne une philosophie : celle de la Jaguar du 21e siècle — audacieuse, exubérante, électrisante.
C’est lors de la Fashion Week à Paris que la Jaguar Type 00, concept car de la « Renaissance » de Jaguar, a fait sa première apparition européenne remarquée pour la Jaguar Type 00. Après avoir été révélée à Miami Art Week en décembre 2024, la voiture s’est imposée comme une star inattendue des podiums parisiens, au cœur d’un événement qui prône l’art et la créativité audacieuse. Barry Keoghan, Jamie Dornan, Zoe Saldaña… autant de figures emblématiques vues à son bord, traversant les lieux les plus emblématiques de la Capitale. Sa couleur French Ultramarine, pensée comme un clin d’œil aux arts et à l’histoire culturelle française, a capté tous les regards, dissipant les doutes sur sa réalité — oui, cette voiture existe bien, et elle roule.
Mais au-delà de cette démonstration publique, c’est bien un changement d’ère que Jaguar met en scène. Avec la Type 00, la marque inaugure la « Renaissance » — son rebranding global — en dévoilant un design totalement inédit, préfigurant la Jaguar de demain. Présentée comme un manifeste roulant, cette voiture-concept marque un point de départ. Elle sera commercialisée l’année prochaine, sous une version quatre portes, avec tous les éléments design déjà présents sur le modèle de Paris.
Respect de l’héritage et repositionnement de la marque
« C’est une veritable rupture avec ce que nous avons pu faire lors de ces 20 dernières années ». C’est ainsi que Rawdon Glover, Managing Director de Jaguar, résume le besoin de Renaissance de la marque. Pendant trop longtemps, Jaguar a capitalisé sur un héritage prestigieux, sans réussir à le projeter dans le présent. Résultat : une perte progressive d’attractivité. « Jaguar avait perdu en compétitivité sur le marché. ». Il fallait donc frapper fort. Non plus un simple ajustement de stratégie, mais une véritable transformation de l’image de marque.
Ce “rebranding”, entamé dès 2021, répond à l’ambition de réinventer Jaguar tout en la réinstallant dans son « habitat naturel » – celui de la créativité, de l’audace, de l’avant-garde. C’est aussi une manière de renouer avec les origines de la marque : Jaguar a toujours conçu des véhicules en rupture avec les normes de leur époque. Aujourd’hui, cette exigence se traduit par un business model assumé de faible volume, prix élevé, forte valeur symbolique. En somme, redonner envie aux consommateurs de choisir Jaguar.
« Une Jaguar, ce n’est pas une voiture dont on a besoin. C’est une voiture qu’on doit désirer, qu’on a envie d’avoir. »
« Copy nothing ». Voilà le mantra de cette nouvelle ère. Pour Jaguar, la Renaissance n’est pas qu’un rebranding : c’est un positionnement culturel. Le design de la Type 00 incarne ce basculement. Pour Adam Rowles, spatial and experiential design chez Jaguar, ce nous nouveau modèle est « pensé pour ceux qui cultivent un goût pour l’art et aspirent à se distinguer », le véhicule ne cherche pas à plaire à tous. Il vise ceux qui aiment la singularité, la créativité radicale.
Avec ses proportions exubérantes, sa présence magnétique, ses roues surdimensionnées, la Type 00 défie les codes habituels du design automobile — en particulier dans l’univers électrique. « Personne n’a besoin d’une Jaguar, il faut qu’on ait envie de l’avoir. » C’est par le désir que la marque entend reconquérir son public. Le design n’a pas été pensé pour plaire au goût de chacun, mais pour imposer une vision singulière. « (Avec ce design) notre objectif est de ramener les clients vers Jaguar. Et nous sommes convaincus qu’ils reviendront d’eux-mêmes, attirés par ce que la marque incarne », assure Adam Knowles.
Les nouveaux symboles de marque renforcent cette ambition : le « strikethrough », la « device mark », la palette chromatique repensée, visibles à l’intérieur comme à l’extérieur du véhicule. Tout est pensé pour que l’on reconnaisse une Jaguar au premier regard — et qu’on ne la confonde avec rien d’autre.
L’héritage réinventé : une Jaguar électrique, mais fidèle à son ADN
Jaguar ne renie pas son passé. Au contraire, la Renaissance s’appuie sur ses racines : gros volumes, sensation de vitesse, audace stylistique. Le virage électrique n’efface pas l’expérience de conduite. « C’est une Jaguar à part entière que vous achetez, il se trouve simplement qu’elle est électrique. This is the Jaguar you are buying, it just happens to be electric. Elle procurera toujours les sensations de conduite propres à une Jaguar. », confie Rawdon Glover. L’idée ? Supprimer les points de friction liés aux véhicules électriques, tout en conservant les sensations qui faisaient l’ADN de Jaguar.
Cette fidélité passe aussi par l’expérience au volant : malgré ses dimensions imposantes, la Type 00 donne l’impression de conduire une voiture bien plus compacte. Une prouesse d’ingénierie destinée à rassurer les conducteurs historiques, tout en séduisant une clientèle plus jeune.
Choisir de faire de ce nouveau modèle de Jaguar un modèle électrique, c’est aussi un choix stratégie commerciale afin d’être profitable sur le moyen-long terme pour la marque. Rowdon Glover explique que ce choix de faire de cette voiture un modèle 100 % électrique est un choix stratégique, car c’est la direction vers laquelle se tournent aujourd’hui les politiques publiques et donc le bon cap à suivre pour être compétitif les 10 à 15 prochaines années.
La Jaguar du 21e siècle : un objet d’art pour individualistes assumés
Les nouveaux acheteurs de Jaguar du 21ᵉ siècle seront donc des amateurs d’art, d’architecture et de design, en quête d’originalité. « Cette nouvelle Jaguar s’adresse à des esprits indépendants, à ceux qui cherchent une marque capable de dire quelque chose sur ce qu’ils sont et sur leurs valeurs et qui ils sont ». Avec la Renaissance, posséder une Jaguar devient un acte artistique et identitaire. C’est affirmer un goût pour la disruption, pour la rareté, pour l’excellence formelle.
Chaque détail de la voiture a été conçu pour provoquer cette émotion esthétique. « Le design de la nouvelle Jaguar possède une force d’attraction singulière, un design qui éveille la curiosité des conducteurs ». L’idée est simple : la Jaguar doit attirer par sa force de caractère, non par des arguments techniques, c’est l’image de marque et le positionnement de la marque qui doivent absolument primer.
Cette philosophie dépasse l’objet automobile. Jaguar développe un réseau de « brand stores » dans les capitales culturelles. Le premier ouvrira prochainement à Paris, dans le Triangle d’Or. Ces lieux hybrides mêlent espaces d’exposition, coffee shops, restauration et événements culturels. Pour Jaguar, il s’agit de créer un écosystème cohérent, où l’art et l’expérience client fusionnent. « Ces espaces seront pensés pour s’imprégner pleinement des cultures locales », explique Rawdon Glover. Paris, temple de la mode et de l’art, était donc l’écrin parfait pour cette première mondiale.
Production exclusive
La commercialisation est prévue pour l’année prochaine. Le modèle vendu reprendra l’essentiel du design de la Type 00, avec une configuration quatre portes. Les couleurs seront personnalisables, à l’image du rose présenté à Miami ou du bleu ultramarine à Paris. Chaque teinte aura une histoire, un lien culturel, une singularité qui représentera celle de son conducteur. Là encore, l’exubérance devient un marqueur de distinction.
La stratégie est claire : production en série très limitée, prix élevé, positionnement hautement symbolique. « Nous allons gagner, car il suffira d’un regard pour comprendre que cette voiture ne ressemble à rien de connu ». Jaguar parie sur le pouvoir d’attraction et est convaincu que le bouche-à-oreille imposera les normes de Jaguar dans l’imaginaire des consommateurs : « Ceux qui essaieront la Jaguar l’adopteront. Et ils seront les premiers ambassadeurs du modèle, vantant à leurs proches le plaisir unique qu’elle procure au volant ».
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