Selon un rapport présenté au début du mois par le Silicon Valley Index, un organisme qui mesure la santé de l’économie et de la population de la région depuis 1995, les inégalités se sont accrues en 2024, à un niveau record.
Si la Silicon Valley est depuis longtemps une terre d’inégalités, celles-ci se sont fortement accentuées en 2024. Au point que le président la Joint Venture Silicon Valley, un organisme la santé de l’économie de la région et de la population, monte au créneau. En marge de la présentation du rapport annuel de son organisation, le 7 mars, Russel Hancock a évoqué un contexte propice à des « conditions d’instabilité et de révolte » rapporte Le Monde.
Selon le document, le Silicon Valley Index, les inégalités n’ont jamais été aussi fortes depuis 1995 – date de la première publication du rapport – dans la région. Actuellement, la péninsule de 200 km2 compte 56 milliardaires et 145 000 millionnaires. A titre de comparaison, la France comptait 53 milliardaires selon notre classement Forbes de 2024.
Dans le détail, les 1 % des ménages les plus aisés, soit environ 9 000 foyers, détiennent 42 % de la richesse totale, ce qui représente 421 milliards de dollars (389 milliards d’euros). De leur côté, les 10 % les plus fortunés possèdent 71 % de la richesse, un chiffre en hausse d’un point par rapport à 2023. Plus évocateur, les neuf milliardaires les plus fortunés détiennent un montant en liquidités équivalant à quinze fois celui que possèdent 50% de la population de la région. Concrètement, ils disposent de 150 milliards de dollars, tandis que 447 000 foyers se partagent seulement 10 milliards de dollars. Parmi ces entrepreneurs à succès, on retrouve Mark Zuckerberg (Meta), Sergey Brin (les fondateurs de Google), ou encore Jensen Huang (Nvidia).
Une économie régionale au ralenti
« La vieille théorie était que la croissance économique était bonne pour tout le monde, au motif qu’une marée qui monte lève tous les bateaux, a expliqué Russell Hancock. La Silicon Valley montre un résultat différent. Les conditions de ce boom, ici, ne profitent qu’à quelques-uns. » De l’autre côte du miroir, la situation est beaucoup moins idyllique. Si le revenu annuel médian est de 157 000 dollars, soit près de deux fois plus que dans le reste du pays (70 000 dollars), 30% des foyers reçoivent actuellement une assistance extérieure pour subvenir à leurs besoins. Et 10% des ménages vivent avec moins de 5 000 dollars par an, faisant grimper le nombre d’enfants au sein dans des foyers menacés d’insécurité alimentaire à 37%.
Ce rapport paraît alors que l’économie régionale montre des signes d’essoufflement, avec un marché de l’emploi de retour à son niveau d’avant pandémie. Avec la poussée de la demande des services technologiques durant les multiples confinements, les entreprises technologiques avaient créé environ 75 000 postes dans la région en 2020 et 2022. Mais entre 2023 et 2024, elles ont supprimé 80 200 emplois, effaçant ainsi les gains des années précédentes. « Il fut un temps où la course à la croissance primait, mais, aujourd’hui, c’est la quête d’efficacité qui domine, a signalé Russell Hancock. Cela se traduit par des profits colossaux, mais aussi par une croissance ralentie, voire inexistante, pour notre région. »
« Phénomène international »
Le document pointe également que la grande majorité de ces travailleurs de technologies sont étrangers. Soit 66%. Parmi les personnes possédant un diplôme de niveau licence ou plus, 23 % sont originaires d’Inde, 18 % de Chine, tandis que 17 % sont nées en Californie et 14 % dans d’autres États américains. Dans l’ensemble de la Silicon Valley, 41 % des habitants sont nés à l’étranger. « Nous oublions facilement que la Silicon Valley n’est pas un phénomène américain – c’est un phénomène international, a avancé le président Joint Venture Silicon Valley. La Silicon Valley a été construite par les esprits les plus brillants venus de tous horizons. »
Parmi les éclaircies avancées par le document, on retrouve une région toujours en point sur les investissements. Près de 24 000 brevets ont été accordés en 2024, un record. Et près de 70 milliards de dollars en capital-risque ont été investis l’année écoulée, dont 22 milliards dans le secteur de l’intelligence artificielle. Cela représente un quasi-doublement depuis 2020. Mais là aussi, des zones d’ombre subsistent. « Nous assistons peut-être à un bouleversement tectonique, qui voit la Silicon Valley devenir un nœud parmi d’autres dans un écosystème d’innovation plus dispersé », observe le directeur de Joint Venture Silicon Valley.
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