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Jarek Kutylowski (DeepL) : « L’Europe peut encore gagner la course à l’IA »

Jarek Kutylowski, CEO de DeepL
Jarek Kutylowski, CEO de DeepL

Convaincu que rien n’est joué d’avance, Jarek Kutylowski, CEO de DeepL, partage sa vision sur l’avenir de l’intelligence artificielle en Europe. Ce dernier appelle à une ambition forte et à des investissements massifs pour faire émerger des champions technologiques européens.

Forbes France : Que pensez-vous du sommet de l’IA qui s’est déroulé à Paris en février ?

Jarek Kutylowski : C’est très positif de voir comment la France cherche à faire avancer l’agenda de l’IA, c’est une dynamique dont nous avons besoin en Europe. L’IA est un secteur hautement compétitif. Bien sûr, les facteurs géopolitiques et les investissements jouent un rôle majeur, mais la recherche elle-même est difficilement prévisible.

Cette compétition mondiale stimule l’innovation et nous aurons besoin de puissance de calcul et de centre de données à grande échelle pour faire tourner l’IA. L’industrie a besoin du soutien des gouvernements, que ce soit en matière de réglementation mais aussi d’investissement dans ces infrastructures. Nous pouvons mentionner les centres de données en Europe du Nord, qui bénéficient d’un refroidissement naturel et qui peuvent offrir un gain environnemental certain.


Si la bataille du cloud est déjà perdue, l’Europe a-t-elle une chance dans la course mondiale à l’IA ?

J. K. : Il y a toujours une chance et l’Europe peut encore gagner la course à l’IA. L’Histoire nous l’a montré à de nombreuses reprises : tout repose sur la conviction et la volonté d’y arriver. Soyons honnêtes, nous sommes en retard, mais nous devons redoubler d’efforts et emprunter les bonnes voies pour y parvenir. Si DeepL a pu concurrencer Google dans son domaine, pourquoi une autre startup européenne ne pourrait-elle pas réussir dans l’IA ?

Lors du sommet, le ton était clair : nous ne partons pas avec le plus grand avantage, mais nous devons essayer. Plus nous allons accélérer notre effort dès maintenant, plus nous offrirons de possibilités aux générations futures. La Silicon Valley prospère d’ailleurs aujourd’hui sur des avancées amorcées dans les années 2000.

On dit souvent que les États-Unis innovent, la Chine copie et l’Europe réglemente. Partagez-vous cet avis ?

J. K. : C’est une vision un peu dure, mais elle reflète une certaine réalité. L’Europe a un désavantage clair. Nous devons faire en sorte que notre économie technologique européenne soit un succès. Les industries manufacturières doivent tirer profit de l’IA, et nous devrions encourager davantage le développement d’un écosystème technologique, en mettant un peu plus l’accent sur l’innovation plutôt que sur la réglementation.

Quelles sont les opportunités à saisir ? Devons-nous nous concentrer sur l’IA spécialisée plutôt que sur l’IA générique ?

J. K. : Nos clients ont besoin d’une IA qui peut résoudre des problèmes précis avec un haut niveau de qualité. Par exemple, la traduction nécessite une IA spécialisée. Il y a des éditeurs qui automatisent des contenus, mais une vérification rigoureuse reste indispensable. De nombreux cas d’usage à forte valeur existent déjà. On peut citer DeepL, mais aussi la pépite londonienne Synthesia qui développe des logiciels utilisés pour créer du contenu vidéo généré par l’IA. Ce qui compte, c’est la valeur prouvée, plutôt que de simplement viser la recherche pure.

En conclusion, quel message souhaitez-vous adresser aux acteurs de l’IA en France et en Europe ?

J. K. :  Pour survivre, il faut avoir une vision et oser. La technologie a toujours été un domaine hautement compétitif, mais la résilience personnelle et la conviction sont des éléments-clés. C’est une course passionnante, et la valeur que nous créons a le potentiel d’améliorer le monde.


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