Rechercher

L’or, valeur refuge face à l’incertitude économique et géopolitique ?

L’or vaut à présent plus de 86 000 euros le kilogramme. Une valeur qui atteint des sommets pour le métal précieux. Si les investissements comportent des risques en capital, notamment en période de crise, l’or apparaît historiquement comme une véritable valeur refuge. Dans un contexte, plus que jamais, de tensions géopolitiques et de guerre commerciale, l’or est-il encore une ressource sanctuaire ?

 

Chaque jour à Londres, la London Bullion Market Association, relayé par la Banque de France, fixe le cours de l’or selon l’offre et la demande, la politique économique des banques centrales et les diverses crises géopolitiques et économiques. Le cours de l’or atteignait, vendredi 28 février, des niveaux de 2834 dollars et 2721.17 euros l’once, au second fixing de Londres, selon le Comptoir National de l’Or. Ces cours impliquent une appréciation de 0.3% en euro et 0.8% en dollar sur le mois de février, ce qui porte la performance 2025 à +8.5%, quelle que soit la monnaie de référence. Le lien entre le cours de l’or et le niveau des indices actions a significativement baissé, revenant à – 0.1. Cela signifie que le métal jaune continue d’offrir une bonne diversification du risque, tout en atteignant des performances intéressantes.

 

L’or, une valeur encore sûre

Ainsi, l’or est totalement indépendant des cours boursiers ou bien de l’état de santé économique des entreprises. Une fois fixé, le cours permet de préciser le prix des objets en or. Pour protéger leurs actifs face à l’envolée de l’inflation et de l’augmentation des taux d’intérêt, de nombreux investisseurs, mais aussi les banques centrales, optent pour l’achat d’or.

La France, par exemple, est le quatrième détenteur d’or, avec un encours des réserves s’élevant à 2 400 tonnes fin mai 2023, selon la Banque de France. L’or physique présente également un avantage de taille : l’impôt au moment de la revente peut être très avantageux dans le cadre d’une détention de long terme du métal précieux. La plus-value imposable bénéficie d’un abattement de 5 % à partir de la troisième année de détention et disparaît complètement après 22 ans.

 

Un refuge pour les investisseurs en temps de crise

Lorsque la guerre a éclaté en Ukraine, les marchés financiers ont été en partie paralysés et l’or a atteint son plus haut niveau depuis plusieurs années. Plus globalement, les multiples soubresauts géopolitiques de ces dernières années ont favorisé la montée du cours de l’or. Depuis les attentats du 7 octobre 2023, ce dernier a vu sa valeur en euros bondir d’environ 30 % à la fin d’août 2024. Et a grimpé de plus de 40% depuis l’invasion du territoire ukrainien en février 2022.

Les tensions géopolitiques et l’incertitude économique mondiale poussent les banques centrales à accumuler le métal jaune. En 2024, les banques centrales représentaient 21 % de la demande totale d’or, soit une augmentation de 10 points par rapport à 2019. Et l’incertitude géo-économique persistante devrait encore renforcer la place de l’or comme actif refuge.

En janvier, les banques ont continué d’acquérir de l’or avec des achats nets de 18 tonnes. Les principaux acheteurs ont été les banques centrales de l’Ouzbékistan (8 tonnes), de la Chine (5 tonnes) et du Kazakhstan (4 tonnes). Il s’agit du troisième mois consécutif d’achats par la Chine, qui semble engagée sur une politique d’achat régulière de 5 tonnes par mois. La stabilité accordée par l’or, même en temps de crises, en fait historiquement la meilleure des valeurs refuges. Au-delà de la Chine, plusieurs économies émergentes pourraient – compte tenu de l’environnement géopolitique volatil actuel – également chercher à réduire leur dépendance à l’égard de l’économie américaine en augmentant leurs réserves d’or.

 

Quelle place pour l’or dans un contexte de guerre commerciale ?

La présidence Trump a largement influencé la performance de l’or depuis son investiture. La mise en place de droits de douane de 25% avec le Canada et le Mexique, contrairement aux accords trouvés quelques semaines plus tôt, ainsi que la hausse des droits de douanes sur la Chine inquiètent les marchés, qui craignent une hausse de l’inflation et un frein sur l’économie. Le conflit en Ukraine annonce une période de fragilité géopolitique qui pourrait bien voir se multiplier les points de tension entre l’Europe et la Russie. L’or se pose donc plus que jamais en valeur refuge.

En effet, dans une note récente, les analystes de Goldman Sachs ont révisé à la hausse leur prévision de cours de l’or pour 2025. Après plus de 40 % de hausse depuis janvier 2024, la banque d’affaires américaine prévoit une hausse supplémentaire de 8 % pour atteindre 3 100 dollars l’once d’ici fin 2025. Le rapport pointe la demande croissante des banques centrales, qui renforcent leurs réserves d’or depuis le gel des actifs de la banque centrale russe en 2022, l’augmentation des achats d’ETF en or, soutenue par la baisse des taux d’intérêt.

 


À lire aussi : Bateaux, bourbon, motos… l’UE riposte à l’offensive américaine sur les droits de douane

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC