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La stratégie commerciale de Donald Trump : incertitude, chaos ou brio ?

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Donald Trump. | Source : Getty Images

Les droits de douane imposés par Donald Trump sont devenus le point névralgique d’opposition entre le clan démocrate et le clan républicain. Le président américain conduit-il les États-Unis vers une ère économique sombre ? Si tel est l’avis des démocrates, les républicains pensent exactement le contraire. Qui a raison ? Que se passe-t-il réellement ?

 

Droits de douane : pourquoi maintenant ?

Donald Trump a fait campagne sur la réduction de la taille et de la portée de la bureaucratie fédérale. Cela veut dire que le Congrès doit réduire ses dépenses et que les États-Unis ne peuvent pas prospérer économiquement si Washington continue d’enregistrer des déficits budgétaires massifs (1 800 milliards de dollars pour l’exercice fiscal qui s’est achevé le 30 septembre 2024). Outre les efforts d’Elon Musk et du DOGE, le déficit commercial est un point clé. En bref, l’équilibre des droits de douane entre les partenaires commerciaux devrait avoir un impact financier positif sur les États-Unis.

En ce qui concerne les droits de douane, les accords commerciaux actuels tendent à favoriser les partenaires commerciaux des États-Unis… au détriment du pays lui-même. Selon les données de la Banque mondiale pour l’année civile 2022, les droits de douane moyens imposés par la Chine sur les produits américains étaient de 7,1 %. Les droits de douane moyens imposés par les États-Unis sur les importations en provenance de Chine étaient de 2,3 %. Le taux tarifaire de la Chine était donc beaucoup plus élevé.


Le graphique ci-dessous montre les taux de droits de douane moyens appliqués par plusieurs partenaires commerciaux des États-Unis par rapport au taux moyen appliqué par les États-Unis. Là encore, les données datent de 2022. L’Inde a appliqué le tarif moyen le plus élevé sur les importations américaines, soit 9,4 %, tandis que le Royaume-Uni a appliqué le tarif le plus bas, soit 0,7 %.

Il convient de noter que le taux tarifaire moyen du Mexique sur les importations en provenance des États-Unis était de 5,2 %, alors que les États-Unis n’appliquaient aucun droit de douane sur les importations mexicaines. Cela explique peut-être pourquoi tant de constructeurs automobiles ont des usines au Mexique. Le Mexique est proche des États-Unis, les coûts de main-d’œuvre y sont faibles et il n’y a pas de droits de douane. Le gouvernement Trump s’attaque enfin à la disparité commerciale des États-Unis.

droits de douane
Source : WITS

 

Comment les tarifs douaniers sont-ils devenus si défavorables aux États-Unis ?

Comment les accords commerciaux américains sont-ils devenus si unilatéraux ? La raison est en partie la suivante. Supposons que vous soyez le PDG d’une grande entreprise américaine et que vous deviez importer différents composants de Chine, par exemple, pour fabriquer votre produit. Vous ne voulez pas que le prix des importations augmente, car cela vous obligerait à augmenter vos prix et aurait une incidence négative sur vos bénéfices. Vous engagez donc des lobbyistes pour convaincre le Congrès de voter contre toute législation qui augmenterait vos coûts de production, comme des droits de douane plus élevés ou des réglementations coûteuses. Le lobbying au niveau fédéral est une pratique courante employée par des milliers d’entreprises.

Les lobbyistes utilisent des mesures incitatives pour s’assurer que le Congrès accède à leur demande. Parmi ces incitations figurent des dîners, des voyages et d’autres cadeaux plus substantiels. Par exemple, Bob Menendez (sénateur démocrate du New Jersey) a récemment été inculpé, reconnu coupable et condamné à 11 ans de prison pour 16 chefs d’accusation de corruption pour avoir usé de son influence en tant que sénateur américain à son profit, au profit de trois hommes d’affaires américains et des gouvernements de l’Égypte et du Qatar. En échange de son soutien, Bob Menendez a reçu de l’argent liquide, des lingots d’or et une Mercedes. En 2023, les groupes d’intérêts spéciaux ont dépensé 4,2 milliards de dollars en lobbying auprès des législateurs américains et 1,4 milliard de dollars en lobbying auprès des fonctionnaires des États.

 

Faut-il supprimer les droits de douane ?

Certains suggèrent que, dans un monde idéal, il n’y aurait pas de droits de douane du tout, ce qui permettrait au libre-échange de prospérer. On peut s’interroger sur le bien-fondé de cette idée, étant donné que de nombreux pays étrangers peuvent fabriquer des produits à un coût extrêmement bas en raison des salaires bon marché versés à leurs travailleurs. Cela ne constitue-t-il pas un avantage injuste pour les entreprises américaines ? Les règles du jeu sont déjà inégales, car de nombreux pays étrangers appliquent des droits de douane plus élevés sur les produits américains que les États-Unis sur les importations.

 

Les droits de douane de Donald Trump : incertitude, chaos ou brio ?

Les droits de douane imposés par Donald Trump ont créé une grande incertitude dans le monde entier. Par exemple, le 4 mars, le président américain a imposé des droits de douane de 25 % sur les importations en provenance du Mexique. Le 6 mars, il a suspendu cette mesure et prolongé le délai de quatre semaines. Cette approche « un coup oui, un coup non » a laissé de nombreuses entreprises dans l’incertitude. Les entreprises apprécient la certitude lorsqu’elles envisagent d’embaucher, de se développer, etc. L’incertitude est synonyme de chaos pour les planificateurs d’entreprise. En d’autres termes, les entreprises ne se soucient guère du parti politique au pouvoir. Ce qui leur importe, c’est de comprendre les règles afin de pouvoir planifier en conséquence.

Lorsque les États-Unis augmentent les droits de douane sur les importations, ils réduisent les ventes de produits importés, ce qui entraîne une baisse des revenus pour les entreprises étrangères concernées. Par conséquent, lorsque Donald Trump annonce des droits de douane importants sur un pays, les entreprises concernées de ce pays peuvent faire pression sur leur gouvernement pour obtenir de l’aide. Cette pression peut contribuer à amener les dirigeants de ce pays à la table des négociations pour renégocier leur accord commercial avec les États-Unis.

Y a-t-il une méthode dans la folie de Donald Trump ? Bien qu’il y ait quelque chose à dire sur son comportement parfois et sur sa façon de jouer avec la vérité, sa stratégie commerciale montre des résultats étonnants. Taiwan Semiconductor, le plus grand fabricant de semi-conducteurs au monde, s’est engagé à investir plus de 100 milliards de dollars dans la construction de cinq sites de production en Arizona. Ce projet devrait générer des centaines de milliards de dollars d’activité économique.

Eli Lilly prévoit d’investir 27 milliards de dollars dans la construction de quatre nouvelles usines aux États-Unis. Apple a récemment annoncé un investissement de 500 milliards de dollars aux États-Unis au cours des quatre prochaines années. Il y a clairement un mouvement de retour de la production aux États-Unis. Il y a de plus en plus d’exemples d’entreprises qui ramènent leurs installations de production sur le sol américain pour éviter les droits de douane.

Le traitement de la question des droits de douane et du commerce peut être un processus long, mais compte tenu de la disparité actuelle des accords commerciaux américains, il devrait en valoir la peine au bout du compte. Il y aura des perturbations à court terme, mais à long terme, les nouveaux accords et la réduction des dépenses devraient permettre d’améliorer l’efficacité du gouvernement fédéral et de créer de nombreux emplois. La renaissance de l’industrie manufacturière américaine devrait également donner un coup de fouet à l’économie.

Abraham Lincoln a dit un jour : « Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple. » Cette citation est on ne peut plus claire : il est temps de cesser d’être tributaire du gouvernement fédéral. Désormais, Washington doit être au service des citoyens. Cela nécessite une refonte, et les tarifs douaniers et le commerce en sont un élément important.

 

Une contribution de Mike Patton pour Forbes US, traduite par Flora Lucas

 


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