Rechercher

Interview de Kakarot : le projet qui veut révolutionner la blockchain et rendre l’IA prouvable grâce aux ZKP

Clément Walter, cofondateur de Kakarot.
Clément Walter, cofondateur de Kakarot.

Kakarot, une startup innovante basée sur les preuves d’exécution (zero-knowledge proof ou ZKP), entend repousser les limites d’Ethereum. Son cofondateur, Clément Walter, revient sur les défis de cette technologie et sur la compétition féroce pour déployer un protocole performant d’ici la fin de l’année.

 

Forbes France : Pouvez-vous nous parler de la genèse de Kakarot ?

Clément Walter : Avant de cofonder Kakarot, j’ai effectué un doctorat en mathématiques et travaillé pendant cinq ans dans le domaine de l’intelligence artificielle.


Mon cofondateur, Elias, et moi-même avons été attirés par l’écosystème Ethereum et par sa recherche d’alternatives aux limites du Proof of Work, trop énergivore, et du Proof of Stake, parfois critiqué pour son niveau de décentralisation. Les ZKP sont apparus comme une solution prometteuse à ces défis. Dans ce domaine, StarkWare s’est positionné comme un pionnier, mais se concentrait davantage sur le développement de sa propre technologie que sur une contribution directe à l’écosystème Ethereum.

À cette époque, j’avais démissionné de mon poste précédent, tandis qu’Elias était encore en poste. Nous avons décidé de miser sur la technologie de Starkware, convaincus de son potentiel pour résoudre les problèmes fondamentaux d’Ethereum.

 

Qu’est-ce qui distingue votre solution ? Quelle est son innovation majeure ?

C. W. : Kakarot utilise les preuves d’exécution. Cette technologie permet d’associer un code source à un résultat sans avoir à tout recalculer, contrairement aux systèmes peer-to-peer traditionnels. Cela se traduit par une augmentation significative du nombre de transactions traitées avec une puissance de calcul réduite. Nous ne sommes pas les seuls à utiliser ces ZKP, mais Kakarot est la seule solution à utiliser un langage informatique dédié, spécialement conçu pour maximiser l’efficacité de notre approche.

Lancé il y a une décennie, Ethereum est la première blockchain programmable. Cependant, sa bande passante est limitée, ne permettant que 15 opérations par seconde. En utilisant cette approche pour la “prouver”, nous allons pouvoir augmenter ce débit de manière exponentielle, surpassant même des blockchains alternatives comme Solana, qui atteignent 10 000 opérations par seconde.

Cette technologie n’est en revanche pas encore très mature même si les premiers cas d’usage en contexte de blockchain ont commencé autour de 2015. Prouver l’Ethereum en temps réel n’a pas encore été réalisé, et une compétition rude se joue sous la supervision de la fondation Ethereum pour trouver le meilleur protocole. Nous sommes en bonne position pour réussir ce challenge d’ici la fin de l’année 2025.

 

Quels fonds avez-vous levés depuis le lancement de Kakarot et comment sont-ils utilisés ?

C. W. : À l’été 2023, nous avons levé 6 millions de dollars auprès de business angels, dont Vitalik Buterin, fondateur d’Ethereum, et Aglaé Ventures, l’un des fonds ventures du family office LVMH. Ces fonds sont principalement destinés à la recherche et au développement de notre technologie, qui pourrait intéresser des fonds plus généralistes à l’avenir. Nous sommes convaincus que cette technologie va se développer et transformer de nombreux secteurs. C’est un gros pari de la part de nos investisseurs car nous ne générons pas de gains instantanés comme dans un projet SaaS plus classique mais ces derniers savent que notre marché va grandir très vite ces prochaines années.

 

Quelle est votre opinion sur les « meme coins » comme celui associé à Trump ?

C. W. : Les « meme coins » sont des actifs spéculatifs, rien de plus. Bien qu’ils attirent l’attention et génèrent de la valeur, ils ne représentent pas des actifs tangibles. C’est comme le jeu au casino, et le poids de l’émotion et de la spéculation fait bien plus parler que les avancées technologiques dans l’écosystème. Chez Kakarot, nous nous concentrons sur la recherche appliquée pour offrir des applications concrètes qui contribueront à donner une meilleure image de la blockchain.

Cette recherche dans la blockchain touche un grand nombre de secteurs : elle est par exemple utilisée pour répondre à l’enjeu d’adaptation de nos modèles cryptographiques à l’ère de l’informatique quantique. Lorsque le premier ordinateur quantique sera opérationnel, la plupart des systèmes de chiffrement deviendront obsolètes et des chercheurs sont déjà en train de travailler sur ce scénario.

 

Comment envisagez-vous l’intégration de l’IA dans votre technologie ?

C. W. : Notre protocole pourrait être utilisé pour l’inférence en intelligence artificielle. Par exemple, si une voiture autonome commettait un accident, notre technologie permettrait de prouver que le modèle décisionnel a été validé par les autorités compétentes. C’est un moyen d’expliquer la source du problème sans devoir se plonger dans la complexité du cheminement logique que l’IA a réalisé pour arriver à ce résultat. Cela garantirait la vérifiabilité et l’authenticité des décisions prises par les IA, tout en respectant la confidentialité des données.

 

Pourquoi les banques traditionnelles sont-elles encore réticentes à adopter les cryptomonnaies ?

C. W. : Les banques traditionnelles sont souvent prudentes face aux nouvelles technologies, notamment en raison des régulations strictes et des préoccupations liées à la conformité. Cependant, avec des protocoles comme Kakarot, qui offrent transparence et auditabilité, nous espérons les convaincre des avantages et de la sécurité qu’offre la blockchain. Ce n’est pas parce qu’un système est décentralisé qu’il n’est pas contrôlable.

Kakarot se positionne ainsi à l’avant-garde de la scalabilité d’Ethereum, en combinant innovation technologique et vision stratégique pour transformer l’écosystème blockchain. La promesse des ZKP est de redonner le pouvoir aux utilisateurs : demain, tout le monde pourra vérifier et contrôler par soi-même ses propres flux informationnels et financiers.

 


À lire également : Classement : les 25 plateformes de cryptomonnaies les plus fiables au monde

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC