Rechercher

L’IA, une révolution industrielle que la France ne peut se permettre de manquer

gettyimages 545864201 e1739979106701
L’IA, une révolution industrielle que la France ne peut se permettre de manquer

Selon McKinsey, l’Europe pourrait, à l’horizon 2030, ne capter qu’une fraction modeste de la valeur économique mondiale générée par l’IA (10 %), bien loin derrière les États-Unis (30 %) et la Chine (25 %). Sur le plan industriel, cette tendance se confirme : seuls 28 % des acteurs industriels français ont intégré des solutions d’IA, contre une moyenne mondiale de 42 %, d’après Capgemini.

Une contribution de Xavier Brucker, Managing Partner, Mews Labs

 

Ce retard, paradoxal dans un pays reconnu pour son excellence scientifique, résulte d’un sous-investissement chronique dans les infrastructures technologiques, d’une dépendance préoccupante aux solutions étrangères et d’un cadre réglementaire encore trop complexe. Pourtant, l’IA représente une opportunité unique de transformation pour notre industrie, tant en termes de productivité que d’innovation.


Face à ce constat alarmant, il est impératif de déployer une stratégie ambitieuse articulée autour de trois axes fondamentaux : renforcer les infrastructures souveraines, valoriser les talents et stimuler l’innovation locale, et concevoir une régulation européenne qui, sans brider, favorise la compétitivité. Ces enjeux, à la fois économiques, technologiques et stratégiques, exigent une mobilisation immédiate, sans quoi la France risque de voir son industrie décrocher durablement sur la scène internationale.

 

Un retard paradoxal

 

La France possède un réservoir de talents d’exception en intelligence artificielle. Nos ingénieurs, mathématiciens et data scientists comptent parmi les plus prisés à l’international, et nombre d’entre eux brillent au sein des laboratoires de recherche et des entreprises de la Silicon Valley. Preuve de cette expertise, Mistral AI a récemment conclu des partenariats stratégiques avec des acteurs industriels de premier plan comme Veolia et Stellantis. Alors, pourquoi ce retard dans notre propre industrie ?

La réponse réside principalement dans une insuffisance d’investissements, à la fois publics et privés. Nos infrastructures technologiques – data centers, clouds souverains – restent largement dépendantes de solutions américaines ou chinoises. Ces dépendances posent un double problème : un manque de souveraineté et de maîtrise technologique, et un frein à l’innovation locale. Sans des investissements massifs et coordonnés, l’écart ne fera que se creuser.

 

Les axes stratégiques pour rattraper le retard

 

Pour combler ce retard, une stratégie en plusieurs volets s’impose. D’abord, il est crucial d’investir dans le développement d’infrastructures robustes et autonomes. Cela passe par l’émergence de leaders européens spécialisés dans les technologies essentielles aux centres de données : composants électroniques de pointe et solutions logicielles performantes. Ces entreprises devront répondre aux exigences croissantes en puissance de calcul qu’impose l’intelligence artificielle industrielle. Ensuite, l’Europe doit faire de la souveraineté numérique une priorité absolue en développant ses propres solutions cloud. Pour y parvenir, la mise en place de partenariats public-privé innovants et audacieux s’avère indispensable pour créer la masse critique nécessaire à la viabilité économique de cette industrie européenne face aux leaders américains.

Par ailleurs, il faut également stimuler l’innovation autour de l’IA. Cela passe par une meilleure valorisation des talents, des financements accrus pour les projets de R&D et une rémunération compétitive pour attirer et retenir les meilleurs experts. Ces efforts ne peuvent être portés par l’industrie seule : l’État a un rôle crucial à jouer en tant que catalyseur de cette transformation.

 

Les bénéfices attendus pour l’industrie

 

Les bénéfices de l’IA pour l’industrie sont considérables. Elle optimise la prise de décision, accélère les processus grâce à l’automatisation, et permet de modéliser des systèmes complexes pour mieux anticiper les défis économiques. À terme, elle transforme des secteurs entiers en leur offrant des gains en productivité, une meilleure réactivité, et une capacité à innover en continu, et sera vitale pour conserver le leadership dans les secteurs d’excellence de l’industrie européenne.

 

Réglementer sans étouffer la compétitivité

 

L’Europe, avec son Artificial Intelligence Act, s’impose comme pionnière dans la régulation de l’IA. Si cette approche est essentielle pour garantir une utilisation éthique et responsable, elle soulève toutefois des interrogations sur la compétitivité de nos industries. Ces réglementations ont un coût significatif, en termes financiers comme humains. Dans un monde globalisé, où des acteurs non européens peuvent contourner ces contraintes, il est crucial de trouver un équilibre entre protection et compétitivité.

 

Une opportunité à saisir

 

Le retard de la France en matière d’IA industrielle n’est pas une fatalité, mais un défi à relever. Avec des investissements ciblés, une coordination renforcée entre acteurs publics et privés, et une valorisation de nos talents, il est encore possible de redonner à l’industrie française un rôle de leader dans cette révolution technologique.

 

L’intelligence artificielle n’est pas un luxe, mais une nécessité. C’est un levier incontournable pour bâtir une industrie compétitive, innovante et durable. À nous de transformer nos fragilités en opportunités, et de faire de l’IA une force pour l’industrie française.

 


À lire également : Sommet de l’IA : le plan de la France pour ériger l’Europe en leader mondial

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC