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Future of Tech | La conquête de l’espace, un rêve prêt à se réaliser ?

 
« La Terre est le berceau de l’humanité, mais on ne passe pas sa vie entière dans un berceau » disait Constantin E. Tsiolkovski, le père de l’astronautique moderne. L’immensité du système solaire devient le nouveau terrain de jeu des agences spatiales mais aussi, et c’est tout à fait inédit, des milliardaires californiens. Pour l’explorer à loisir, la société d’Elon Musk SpaceX a déployé un programme baptisé Starship dont le lanceur, de 120 m de haut, fait l’objet de tous les superlatifs. C’est la fusée la plus grosse et la plus puissante jamais construite, dépassant en taille la méga-fusée SLS de la NASA (98 m) et dépassant en poussée au décollage celle de la mythique Saturn V des missions lunaires Apollo. Un bijou de technologie. Une « fucking big rocket » (« putain de grosse fusée »), comme le milliardaire l’appelle dans le langage châtié qu’on lui connaît. 
 
Mais surtout, cette nouvelle fusée est destinée à être totalement réutilisable, comme un avion. Le premier étage est récupéré, comme c’est déjà le cas pour Falcon 9 (après avoir délivré sa cargaison, il revient sur la barge nommée « Of Course I Still Love You » au large de la Floride), mais aussi le second, une opération bien plus complexe. À terme, Super Heavy devra revenir se poser contre sa tour de lancement et le vaisseau Starship devra, lui, revenir se poser sur Terre à l’aide de rétrofusées. Las, lors de son lancement en juin 2023 depuis la Starbase de Boca Chica, à l’extrême sud du Texas, Starship a réussi à quitter le pas de tir mais a explosé quatre minutes après le décollage. « Nous avons beaucoup appris pour le prochain essai de décollage dans quelques mois », a tweeté Elon Musk, visiblement peu ému par ce semi-échec pourtant retransmis en direct sur les télévisions du monde entier. 
 
L’idée d’un lanceur réutilisable, la grande stratégie d’Elon Musk, est de casser les prix, pour tomber à « quelques millions de dollars par vol », affirme-t-il. Un impératif pour le milliardaire, qui estime que les humains auront besoin de centaines de fusées Starship pour avoir une chance de devenir ce qu’il appelle « une espèce multi-planétaire ». Son but ultime est l’établissement d’une colonie autonome sur Mars afin d’assurer la survie de l’espèce humaine. Rien de moins. Toujours est-il que les flottes Starship permettraient de convoyer des hommes et des tonnes de matériel pour y construire les premières bases de vie. Starship ambitionne aussi de devenir un outil de projection rapide de troupes et de matériels pour le Pentagone, et se pose en alternative aux avions long-courriers pour transporter des passagers entre les grandes mégalopoles de la Terre.
 
En cela Starship devrait révolutionner le marché des lancements spatiaux. Elon Musk estime en effet possible de lancer « un couple de Starship toutes les six à huit heures ». Jusqu’à trois lancements par jour ! Ce depuis la Starbase de Boca Chica (Texas) et Cap Canaveral (Floride), où un nouveau pas de tir est en construction. La fusée, par sa taille inédite, aura une capacité d’emport de 100 tonnes en orbite basse, quatre fois celle d’Ariane 6, ouvrant de facto un large champ des possibles. Seule la Chine conçoit actuellement un lanceur capable de transporter dans l’espace des charges supérieures à 140 tonnes d’ici 2030. 
 
 
Des millions de touristes en apesanteur ?
 
Grâce au développement de nouvelles technologies particulièrement innovantes (en matière de transport, de communications, d’énergie, etc), l’accès à l’espace va se démocratiser peu à peu. L’ère du tourisme spatial est lancée. Depuis le début de l’histoire spatiale, environ 600 personnes ont été envoyées dans l’espace. Ce chiffre devrait être décuplé pendant la prochaine décennie. Le tourisme spatial mêlera des activités de loisirs, qui financeront les prochaines technologies et le futur de la conquête spatiale, et des activités de recherches. Les stations spatiales seront certainement mixtes et susceptibles d’accueillir aussi bien des amateurs venus effectuer quelques pirouettes en apesanteur que de véritables professionnels entraînés. Les États-Unis, la Chine et l’Europe se livrent à une féroce compétition pour capter ce nouveau marché touristique.
 
En juin 2023, la société Virgin Galactic du milliardaire britannique Richard Branson a permis pour la première fois à quatre touristes fortunés d’expérimenter un voyage spatial. Chaque passager a dû débourser 450 000 dollars pour s’envoyer en l’air bien au-delà de nos espaces aériens. L’objectif de l’entreprise pionnière est d’atteindre 400 vols annuels. La société de Jeff Bezos, Blue Origin, a elle aussi vendu ses premiers tickets à des milliardaires et à des personnalités du show-business ou des affaires, tout comme SpaceX et Space Adventures. Reste qu’il faut compter pas moins de 200 000 euros pour seulement une dizaine de minutes de vol dans l’espace. Un prix qui devrait baisser à partir de 2025.

Beaucoup de commentateurs pensent encore que les programmes spatiaux sont une perte de temps et d’argent, voire qu’ils procèdent d’une simple querelle d’égos de milliardaires. Je leur dis tout net : détrompez-vous ! Nous profitons au quotidien des technologies créées dans le cadre de la conquête spatiale. Des couches bébés à la couverture de survie, de l’Airbag aux capteurs photos de nos smartphones, des matelas à mémoire de forme aux chaussures de sport high-tech : la conquête spatiale a littéralement changé nos vies, même si nous n’en avons bien souvent pas conscience. Sans oublier le GPS, qui nous permet de nous géolocaliser et de nous repérer partout dans le monde. C’est le programme Spoutnik, entre 1957 et 1961, qui a posé les bases du GPS moderne. 

En termes de santé, les avancées que la conquête spatiale a rendues possibles sont tout aussi fascinantes. L’Imagerie par résonance magnétique (IRM) et la télémédecine sont nées grâce à l’aérospatial. Le premier cœur artificiel a été mis au point grâce à la collaboration entre le professeur Alain Carpentier et l’entreprise Astrium, filiale spatiale d’EADS. 

La conquête de l’espace est déterminante car elle dope la compétition technologique et accélère les progrès scientifiques. Elle continuera à le faire dans les années à venir, j’en suis certain.


 

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