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Le point d’exclamation est-il trop souvent utilisé ?

point d'exclamationLe point d’exclamation est-il trop souvent utilisé ? Getty Images

Au fil des siècles, l’utilisation excessive du point d’exclamation s’est généralisée. Pourtant, il existe des méthodes plus élégantes, sophistiquées et efficaces pour accentuer nos propos.

Un article de Eli Amdur pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie

 

Eli Amdur, auteur de cet article, propose une réflexion sur le point d’exclamation. Il raconte que dans les années 1950, lorsqu’il était au lycée, son professeur d’anglais à Mount Vernon qu’il admirait beaucoup, M. John Planell, lui a enseigné des techniques d’accentuation bien plus sophistiquées et érudites.

« M. Planell nous a appris à styliser notre écriture de sorte que nos mots, et non nos marques, transmettent le pouvoir. Combien de points d’exclamation sont nécessaires dans les Dix Commandements, par exemple ? Vous n’allez tout simplement pas renforcer « Tu ne tueras point » en ajoutant ce signe de ponctuation, qui, dans ce cas, n’ajoute rien du tout ? », explique Eli Amdur.

« En y réfléchissant, je parie que toute la Bible – les deux testaments écrits par des centaines de mains au fil des siècles – n’en contient pas un seul. Pas plus que le discours de Gettysburg, la Déclaration d’indépendance des États-Unis, la Magna Carta, ou le discours inaugural de John Fitzgerald Kennedy », poursuit-il. « Pourquoi cette tendance prédomine-t-elle ? Quel besoin cherchons-nous à satisfaire ? Je propose deux hypothèses. Tout d’abord, en tant que société, nous avons progressivement abandonné la pratique de la lecture approfondie, et par extension, celle de l’écriture soignée. Pendant 15 ans, j’ai enseigné des cours de leadership et de communication de niveau supérieur à l’Université Fairleigh-Dickinson, avec des étudiants venant de programmes de premier cycle de tout le pays ainsi que de 65 pays différents. Au fil du temps, j’ai été témoin d’une baisse alarmante des compétences rédactionnelles. Un constat inquiétant. (J’aurais pu ajouter un point d’exclamation ici.) Deuxièmement, c’est une solution facile. Le point d’exclamation est juste là, à portée de main sur nos claviers d’ordinateur et disposant même de sa propre touche sur nos téléphones, prêt à être utilisé à tout moment. Il nous permet de gagner du temps et d’économiser de la réflexion, deux ressources précieuses dont nous manquons souvent. »

Cinq ans après avoir appris aux côtés de M. Planell, Eli Amdur s’est retrouvé dans la classe d’écriture pour les nouveaux étudiants du professeur Jack Beaton à l’université Fairleigh-Dickinson. Sur l’une de ses premières soumissions, quelques-uns de ses points d’exclamation ont été barrés en rouge et le professeur a écrit une note que M. Amdur aurait aimé conserver, dont il se souvient approximativement : « À quoi servent ces points d’exclamation ? Vous avez tellement d’autres moyens à votre disposition : utilisez des adverbes, variez les longueurs de vos phrases et choisissez des synonymes évocateurs et judicieux. »

Prenons l’exemple de cet e-mail : « Salut Eli ! J’espère que cet e-mail te trouve bien ! J’ai une excellente nouvelle ! Je viens d’accepter une offre d’emploi ! Je commence dans deux semaines ! Merci pour ton aide ! »

Alors, à quoi ressemblerait-il si l’on tenait compte des enseignements de M. Planell et M. Beaton ? Voici une proposition : « Salut, Eli. [Notez la virgule absente ici.] En espérant que tu vas bien, je t’écris pour partager des nouvelles excitantes et tant attendues. J’ai accepté l’offre de cadre supérieur, pour laquelle tu m’as aidé à me préparer. Je commencerai dans deux semaines et j’aimerais passer te voir pour t’inviter à déjeuner et te remercier comme il se doit. » Pas un seul point d’exclamation, mais le message reste fort.

 


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