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Législatives : la guerre des économistes

A l’approche des nouvelles élections législatives les 30 juin et 7 juillet prochains, de nombreux économistes se sont lancés une guerre acérée dans les médias, invalidant ou non les mesures économiques des partis en quête de pouvoir. 

« C’est un programme qui est extrêmement dispendieux. C’est généreux, mais c’est très dispendieux », a affirmé sur France Info, l’économiste Emmanuelle Auriol, professeure à l’École d’économie de Toulouse et membre du Cercle des économistes, après la présentation du programme du Nouveau Front populaire pour les élections législatives. Depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, le 9 juin dernier par le président de la République, suite à la victoire écrasante du Rassemblement national aux élections européennes, les économistes défilent dans les médias prodiguant à tour de rôle leurs expertises. 

En plein climat inflationnaire, comme le reconnaît Anne-Laure Delatte économiste, chercheuse au CNRS, au micro de France Culture, le pouvoir d’achat des français reste l’une de leurs principales préoccupations. Un point sur lequel les politiques n’ont pas fait d’impasse dans leurs programmes, pour tenter de convaincre leurs électeurs – surtout ceux de la classe moyenne. Les trois principaux groupes politiques, que sont le camp présidentiel, le Rassemblement national et le Nouveau front populaire se sont donc lancé une guéguerre à coup de mesures économiques, tentant de tirer leur épingle du jeu. Un combat de coq similaire à celui des économistes en plateau.

 

Le revers de la médaille

Pour Emmanuelle Auriol, le programme du Nouveau Front populaire est utopique, car jugé trop « généreux ». « Non, ce programme ne peut pas être mis en œuvre. Notre dette va exploser », a-t-elle expliqué auprès de France Info. L’économiste rappelle que « lorsque le gouvernement a annoncé les mesures du plan qu’il avait pour assainir les finances publiques en avril, le Haut Conseil des finances publiques a émis des doutes sur le respect des objectifs présentés », comparant avec le programme du Nouveau Front populaire qui d’après elle « dépense infiniment plus. » « On revient sur les économies qui avaient été faites. Donc notre dette, si on suit cette politique, va exploser », assure -t-elle. Un point que rejoint l’économiste Christian de Boissieu, professeur à Paris 1 Panthéon Sorbonne, invité sur le plateau de LCI, exprimant son désaccord total avec les mesures du Nouveau Front Populaire, les jugeant une nouvelle fois de « trop généreuses ». D’autres pourtant comme Michael Zemmour, invité récurrent des médias, reconnaissent une cohérence dans le programme économique du rassemblement des gauches. L’abandon de la réforme de l’assurance chômage par le Nouveau Front populaire « inspire » l’économiste, qui juge la réforme actuelle violente et autoritaire auprès de l’Humanité

Dans ce débat, le parti présidentielle trouve les bonnes grâces de certains. Tandis que la Banque centrale européenne reconnaît être vigilante à la dette de la france, pour Leila Abboud, au micro de France Culture, le bilan économique d’Emmanuel Macron reste plutôt positif. « beaucoup a été fait pour rendre le pays plus attractif pour les investisseurs, en particulier étrangers. Il y a eu un vrai changement d’image à l’extérieur. Des sociétés comme Pfizer dans la pharmaceutique et beaucoup d’autres sont beaucoup plus aptes à investir ici. Le chômage est en baisse, même ce n’est pas uniquement à cause de l’action du gouvernement, et la croissance n’est pas forte, mais elle existe. »

Le programme économiques du Rassemblement national est quant à lui très critiqué, alors même que Jordan Bardella est revenu sur plusieurs mesures phares ces derniers jours. Pour Mediapart, le Rassemblement national, qui emprunte dans son programmes des « mesures de gauche », comme la baisse de la TVA ou encore le report de la retraite à 60 ans n’est qu’un tissu de mensonge. Son président Jordan Bardella, tout récemment réélu député européen a rétropédalé sur la réforme des retraites lors de son passage sur RTL « Nous verrons… J’ai la lucidité et l’honnêteté de dire aux Français que la situation économique dont nous allons hériter dans un pays qui pulvérise sous Emmanuel Macron les records de déficits commerciaux, de déficits publics et de dettes, sera compliquée. » Des incohérences que relèvent également Olivier Blanchard et Jean Tirole, respectivement chef économiste du FMI et Prix Nobel d’économie, interrogés par Le Point. « Ces derniers nous paraissent extraordinairement dangereux. Celui du Rassemblement national est un catalogue de cadeaux, sans cohérence ni vision, destinés à attirer les électeurs. », expliquent-ils

Dans cette course à l’adhésion des électeurs, tous semble pourtant réussir à se mettre d’accord sur un point : la critique des mesures économiques du Rassemblement national. Comme l’a révélé Alternatives économiques, dans son enquête parue ce 18 juin, il semblerait que « ceux qui pensent le programme économique du Rassemblement national sont plutôt des ‘technocrates’ et ‘des hommes d’affaires’ que des universitaires. » Alors que le spectre politique se tend à l’approche du jour fatidique, le grand gagnant sera connu dès le 7 juillet prochain, garantissant alors encore deux semaines de défilés médiatiques pour ces experts en économie.  


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