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Detox Digitale : On En Parle…Ou On Attend Le Burnout Général?

La notion de « Detox Digitale » est apparue…sur nos écrans, il y a moins de 2 ans. Toutefois, cela ne fait que quelques mois que le « grand public » en parle. J’ai moi-même estimé qu’il s’agissait d’un feu de paille, ou d’une mode anti-mainstream pour Bobos 2.0…

Et pourtant! Il s’agit bien d’un phénomène de société ou plutôt du futur  «mal du siècle» comme le fut le mal de dos…

 

Detox digitale : petite définition pour disposer du même socle de réflexion

Cette detox, bien que prise en étau dans la bourrasque des cures de désintox’ Ultra-Bio, Ultra-Vegan et Ultra-…Ultra, a bien un impact direct sur le quotidien de millions de personnes (bientôt milliards quand la fracture numérique mondiale sera réglée…).

Au gré des avancées technologiques, le téléphone mobile, dont l’utilité première était de téléphoner (sacrebleu!), est devenu un objet de toutes les convoitises. Véritable « validateur » d’un certain statut social, ce totem sert à présent à presque tout sauf à téléphoner! 

Quelques exemples en vrac (dont la plupart bonifient notre quotidien): le smartphone est tellement « smart » qu’il permet de réaliser des achats en ligne, de se rendre d’un point A vers un point B, de garder contact avec ses proches, de draguer, de réserver presque tout (restaurant, cinéma, billet d’avion, etc…), de se déplacer et bien d’autres activités en tous genres. L’objectif de cette tribune n’est pas de jouer au réac anti-technologie (je serais assez mal placé…), mais bien de tirer la sonnette d’alarme quant à l’utilisation que nous en avons! 

À titre d’exemple, savez-vous que les 16-24 ans (= la génération dominante dans quelques années) passent en moyenne 4 heures par jour sur leur smartphone (Opinion Way)? Pire, 6% de ceux-ci « checkent » leur appendice technologique plus de 200 fois par jour (Deloitte)! Saupoudrez le tout de plus de 2 heures de télévision par jour, et, le décor est planté…Bien entendu, ces chiffres disposent d’une croissance annuelle à 2 chiffres! CQFD Je souligne que cela est intimement lié au FOMO (Fear Of Missing Out), à savoir « la peur de rater une information »…

 

Une histoire de « temps de cerveau » disponible

Le titre vous rappelle sans doute la formule d’un célèbre patron de chaîne TV, et, dans le cadre de l’intoxication digitale, il s’agit de la norme : Comment « créer » du temps disponible pour le cerveau? Il ne faut pas perdre de vue que quelques génies modernes sont chargés d’identifier nos faiblesses afin de créer un besoin/une application qui puisse s’engouffrer. 

D’ailleurs l’association « Time Well Spent » se charge de défendre le droit des possesseurs de smartphones à utiliser leur temps de façon pertinente, et non, devant une nouvelle partie de Candy Crush ou des vidéos douteuses. 

Imaginez le faciès de Marty McFly qui reviendrait en 2016 au volant de sa DoLorean en découvrant l’existence de ces « nouveaux droits »?! Depuis l’avènement du tube cathodique, ces experts en disponibilité cérébrale maximisent les ventes de leurs clients tout en abrutissant les foules, c’est un fait, pas une opinion. Depuis, l’écran est devenu plus petit, mais la mécanique est exactement la même : Comment faire en sorte que l’utilisateur puisse être attiré inévitablement par son écran?.

Tristan Harris est un expert en la matière et il évoque une véritable « économie de l’attention ». Autrement dit, « regarde, je te propose cette fantastique application qui va égayer ton quotidien ». Comme il l’explique, nous sommes dans une société d’abondance et le paramètre « temps » devient le maître (au contraire de l’offre). Le temps de l’utilisateur est devenu l’argent de ces médias et de ces applications, ni plus, ni moins. 

Je me suis moi-même rendu compte de ces techniques lorsque, ces derniers mois, l’auto-play s’est démocratisé. Il s’agit d’une technique web qui permet de déclencher la lecture d’une vidéo lorsque l’utilisateur scrolle son fil d’actualités sur les réseaux sociaux (ou ailleurs). Il ne s’agit plus de volontairement lancer la lecture, mais bien de subir visuellement l’information (que l’on peut switcher en continuant de scroller…mais la rétine est déjà atteinte par cette tentation!). 

Il en est de même pour les applications liées à l’ « amour » : Cette fois-ci, le Swipe prend la relève. L’utilisateur a alors le choix d’aimer ou non la photo de profil d’une personne (rarement les éléments textuels contenus dans son profil…). Inexorablement, le lover 2.0 doit faire un choix rapide au sein de cette offre si abondante et illimitée! Je n’évoquerais pas son im-possible choix quant à l’explosion des MST « à cause » de ces applications qui rendent le coït si accessible (petite étude anglophone sur le sujet). 

D’autres techniques existent pour éveiller l’attention : ClickBait (aussi appelé « putaclic » = titre aguicheur, voire trompeur), bandeaux évocateurs, etc…

 

L’utilisateur est le SEUL responsable de cette intoxication digitale

Après un début d’article relativement à charge, je tiens à clarifier un point-clé : Je ne pointe pas du doigt les subtilités et la malignité des développeurs comme des équipes marketing (bien que…), mais bien le fait que l’utilisateur peut garder le contrôle! Moi, vous, lui, tout le monde! 

Au contraire de bien d’autres addictions, celle-ci coûte certes peu d’un point de vue financier, mais la facture est lourde pour le cerveau (et non le foie ou tout autre organe)!

Dois-je rappeler que le simple fait de pianoter sur son smartphone avant d’essayer de dormir est un très mauvais signal pour son cerveau? Pour la faire courte : lumière de l’écran = jour = production de mélatonine = je ne m’endors pas, comprendo? Concernant les effets du Wi-Fi et des antennes 4G, c’est un autre débat que je n’aborderais pas aujourd’hui.

Quelques conseils pour lâcher prise

Les protagonistes du web comme les éditeurs plus modestes doivent prendre leur responsabilité, mais, encore une fois, c’est bien l’individu qui a le CONTRÔLE

À titre indicatif, voici 3 astuces basiques que j’applique chaque jour pour ne pas étouffer du réveil au coucher en guise de detox digitale :

  • Désactivation de toutes les notifications (applications en tous genres, e-mails, messagerie visuelle, etc…)
  • Ne SURTOUT PAS checker ses e-mails et autres correspondes 2.0 dans son lit au risque d’avoir une montée de stress dés le réveil (mails de clients, réponses à apporter à des sujets divers sur plusieurs messageries, etc…) —> positionner son téléphone portable hors de la chambre à coucher!
  • Le Mode Avion est ton ami

Depuis, j’ai redécouvert les joies de la lecture (sur un « vrai » livre, pas un écran), je me lève avec plus d’entrain et mes nuits sont si douces…élémentaire mon chez Watson?

Enfin, je terminerai par évoquer un phénomène nouveau lié à ce mal, vous êtes bien assis? Il existe dorénavant des « offres » hôtelières et de véritables BootCamp-s pour « décrocher » et ne plus être addict…Sans oublier les signalisations au sol pour que les Phubbers (= personne dont les yeux sont rivés sur son écran tout en marchant) ne se fassent pas renverser par une voiture et les dérives comportementales en Asie (l’addiction à son smartphone est considérée comme un problème de santé publique à Taiwan)….

Et si nous arrêtions les conneries?

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