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Comment empêcher les « traumatismes professionnels » des employés de contaminer la culture d’entreprise en 2024 ?

traumatismes professionnelsSelon le Workplace Bullying Institute, 79,3 millions de travailleurs américains sont concernés par le harcèlement sur le lieu de travail, et le phénomène reste essentiellement descendant, puisque 65 % des harceleurs sont des patrons. | Source : Pixabay

Une contribution de Bryan Robinson pour Forbes US – traduit par Flora Lucas

 

TRAUMATISMES PROFESSIONNELS | Vous pensez que le harcèlement ne concerne que les enfants ? Détrompez-vous. Un sondage sur le harcèlement sur le lieu de travail a révélé que 75 % des employés ont déclaré avoir été victimes ou témoins de comportements inappropriés ou déplacés. Selon le Workplace Bullying Institute, 79,3 millions de travailleurs américains sont concernés par le harcèlement sur le lieu de travail, et le phénomène reste essentiellement descendant, puisque 65 % des harceleurs sont des patrons.

Quelle que soit la prévalence du harcèlement et des abus sur le lieu de travail, les chefs d’entreprise ne doivent jamais normaliser le problème ou y faire la sourde oreille. Selon un avocat spécialisé dans le droit du travail, de nombreux salariés ont subi de profonds « traumatismes professionnels », qu’il s’agisse de harcèlement, de mauvais comportements ou d’un sentiment de trahison au travail. Bree Johnson, fondatrice et directrice générale de Executive Unschool, explique que ces traumatismes professionnels non traités perpétuent les préjudices, la perte de productivité et les comportements malsains sur le lieu de travail.

« Mes clients viennent me voir lorsqu’ils souhaitent améliorer la culture de leur entreprise, mais qu’ils se sentent empêtrés dans la course aux meilleurs talents », explique Bree Johnson. « Ce qu’ils ne parviennent pas à reconnaître et à gérer correctement, c’est la réalité de leurs employés qui ont subi de profonds traumatismes au travail. »

 

Des problèmes profondément enracinés sur le lieu de travail

Selon Bree Johnson, les cadres et les dirigeants se sentent plus stressés et débordés que jamais. Elle cite plusieurs données montrant que les taux d’insatisfaction au travail sont incroyablement élevés et que les salariés signalent des taux inquiétants de burnout. Elle souligne également que la US Equal Employment Opportunity Commission (EEOC) a fait état d’une tendance insidieuse à l’augmentation des poursuites et des réclamations en matière d’emploi, ce qui amène les chefs d’entreprise à se demander ce qui peut être fait pour lutter contre l’impact grave de tous ces phénomènes sur la culture du lieu de travail.

Bree Johnson est convaincue que les traumatismes professionnels sont à l’origine de nombreux problèmes sur le lieu de travail. « Les traumatismes professionnels sont causés par des expériences profondément douloureuses et perturbantes au travail », explique-t-elle. « Dans le cadre de mon travail et de mes recherches, j’ai regroupé les traumatismes professionnels en trois catégories principales : intimidation, trahison et mauvais comportement. Lorsqu’un employé subit un traumatisme au travail, il s’agit souvent d’une situation non résolue qui s’envenime sur le lieu de travail. Elle entraîne des conflits avec les collègues, une baisse de la concentration et de la productivité, voire des poursuites judiciaires. Cependant, les employeurs les plus avant-gardistes reconnaissent les traumatismes professionnels et prennent des mesures proactives pour éviter qu’ils ne se produisent. »

 

Mythes sur la culture du travail

On ne poserait pas un simple pansement pour soigner un cancer de la peau. Bree Johnson estime que l’un des plus grands mythes sur la culture du travail et l’engagement des salariés est que le fait d’offrir des avantages, des prestations ou des solutions de remplacement peut faire oublier des problèmes plus profonds. « Les entreprises investissent des milliers de dollars dans des programmes de bien-être performants, des conférences, des voyages et des activités superficielles de renforcement de l’esprit d’équipe qui, espèrent-elles, résoudront leurs problèmes », observe-t-elle. « Cependant, si elles ne s’attaquent pas aux blessures sous-jacentes qui parasitent la culture de l’entreprise, ces efforts reviennent à mettre un pansement sur une blessure beaucoup plus importante. »

Bree Johnson pense également qu’il existe un mythe selon lequel les traumatismes professionnels sont des incidents isolés ou des problèmes personnels plutôt que des problèmes systémiques qui affectent l’ensemble de l’entreprise. Les dirigeants peuvent négliger ou écarter les comportements qui contribuent à une culture toxique, tels que les microagressions, la concurrence effrénée, les rapports d’intimidation et les mauvais comportements, en pensant qu’ils font partie de la « norme » ou qu’ils « disparaîtront avec le temps », déclare-t-elle.

Cependant, elle reconnaît également que certaines entreprises ont raison et adoptent des approches novatrices pour guérir les traumatismes professionnels. À titre d’exemple, elle cite un de ses clients qui est une entreprise technologique et qui a mis en œuvre un programme complet et immersif de développement du leadership interne, permettant aux managers, directeurs et cadres d’améliorer leur compréhension des traumatismes professionnels et de la manière dont leurs propres habitudes perpétuent des souffrances inutiles sur le lieu de travail.

« De même, plusieurs de mes clients utilisent des pratiques de régulation du système nerveux sur le lieu de travail pour aider à réduire les conflits, les tensions et les traumatismes professionnels », ajoute-t-elle. « Ces entreprises ne se contentent pas de traiter les symptômes des traumatismes au travail, elles s’efforcent également de les prévenir en favorisant une culture de la transparence, de la responsabilité et de la sécurité psychologique. »

 

Comment les entreprises peuvent-elles traiter les traumatismes au travail ?

Selon le Workplace Bullying Institute, les employeurs ont tendance à encourager, défendre, rationaliser, ignorer ou nier le harcèlement. Si vous êtes à la tête d’une entreprise, vous ne pouvez pas vous permettre de laisser perdurer les traumatismes au travail (harcèlement, trahisons, cyberharcèlement ou autres mauvais comportements) parce qu’ils portent préjudice aux employés et nuisent à vos résultats. Les performances sur le lieu de travail diminuent et l’intégrité de l’entreprise est compromise. Minimiser, couvrir ou détourner le regard, c’est créer une culture toxique pour tous les employés. Pour traiter les traumatismes au travail, il faut adopter une approche plurielle, selon Bree Johnson, qui propose quatre stratégies principales.

  • Reconnaître le problème. Bree Johnson suggère que les dirigeants doivent d’abord reconnaître l’existence des traumatismes au travail, qui sont préjudiciables à la fois aux employés et à l’entreprise. Selon elle, cela implique de créer des espaces de dialogue ouvert où les employés peuvent partager leurs expériences sans crainte de représailles.
  • Miser sur la formation. Bree Johnson recommande de fournir aux cadres et aux employés une formation à la régulation du système nerveux qui met l’accent sur l’intelligence émotionnelle, la résolution des conflits et le traitement des comportements préjudiciables. Elle explique que cette formation comporte deux volets : le développement du leadership intérieur et les pratiques de la pleine conscience et la manière de les utiliser sur le lieu de travail. « Lorsqu’ils sont victimes de traumatismes professionnels, la plupart des employés sont déjà déstabilisés par la pression et le stress sur leur lieu de travail et, par conséquent, les pratiques de régulation du système nerveux sont le meilleur moyen de ralentir le mode pilote automatique », explique-t-elle, ajoutant que cela aide à créer un environnement de travail plus empathique et plus favorable.
  • Fournir des ressources de conseil. Bree Johnson recommande d’offrir un accès à des services de conseil, de mentorat privé pour les cadres et les dirigeants, ainsi qu’à d’autres ressources en matière de santé mentale, afin d’aider les employés à guérir de leurs traumatismes professionnels passés. De plus, elle souligne l’importance d’encourager les employés à demander de l’aide lorsqu’ils en ont besoin afin de réduire l’impact à long terme des traumatismes professionnels.
  • Favoriser une culture de l’autonomie. Bree Johnson préconise d’abandonner les croyances dépassées selon lesquelles les employés doivent être surveillés, gérés et contrôlés de près. Elle encourage au contraire la création d’une culture de responsabilisation dans laquelle les employés sont mis en confiance, leurs idées sont valorisées et leurs expériences passées sont reconnues et respectées.

 

Pour conclure

« Les traumatismes professionnels sont une épidémie silencieuse dans le monde du travail moderne, dont les effets physiques seront bientôt comparables à ceux de la cigarette, mais ils n’ont pas à dicter l’avenir d’une entreprise », affirme Bree Johnson. « En reconnaissant l’existence des traumatismes professionnels chez les employés, en prenant des mesures proactives telles que la formation à la régulation du système nerveux et en encourageant une culture de responsabilisation et de confiance, les dirigeants peuvent inverser la tendance. »

Bree Johnson insiste sur le fait que cette approche permet non seulement d’atténuer les effets négatifs sur les employés, mais aussi d’améliorer la productivité globale, de réduire le taux de rotation du personnel et de créer une culture d’entreprise plus résiliente et plus positive. « Il est impératif que les dirigeants ne se contentent plus de gérer la culture du travail, mais qu’ils s’emploient activement à la guérir », conclut-elle. « Après tout, un lieu de travail sain n’est pas qu’une question d’avantages, c’est une question de personnes. »

 


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