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Maison Courbet, le diamant de culture : le nouveau chic

Manuel Mallen CEO Courbet © Dmitry_Kostyukov

Le diamant de culture conçu en laboratoire a trouvé sa place dans l’univers du luxe. Aucunement décontenancés, puristes et gros portefeuilles font de moins en moins de distinguo, boostant les affaires de la Maison Courbet, précurseur sur ce créneau. Pour son fondateur, Manuel Mallen, c’est comme comparer un bébé avec un « bébé éprouvette ». Rencontre Place Vendôme.

 

Comment avez-vous présagé que le diamant de laboratoire serait un pari gagnant ? 

Manuel Mallen : Il a fallu un peu de temps pour installer le diamant de laboratoire. Nous avons créé Courbet en 2018. Les premières années furent surtout des années d’éducation pour montrer que ce diamant était exactement le même que celui de mine. Aujourd’hui, cela semble accepté mais il reste des résistances. Nombreux sont les arguments en faveur de ce diamant tels que l’empreinte écologique, l’impact humain, le coût bien moindre sans sacrifier à la qualité… Son succès était donc inévitable. 

 

Derrière la Maison Courbet, il y a aussi la famille propriétaire du groupe Chanel. Ce soutien a-t-il été perçu comme un signal dans l’écosystème ?

Oui, le soutien de Chanel est important, d’ailleurs beaucoup de grands groupes de luxe se penchent à présent sur le diamant de laboratoire. La griffe a donc été pionnière en s’intéressant à ce sujet. 

 

Le luxe, c’est aussi cultiver la rareté. Les diamants d’appellation synthétique ne risquent-ils pas d’inonder les marchés pour qui investit dans un équipement sur-mesure ?  

Il faut savoir que les diamants de mines ne sont pas rares, on a extrait des milliards de carats depuis 200 ans, la rareté est plutôt du côté des pierres de laboratoires…. Ce marché se fonde sur l’offre et la demande : on ne produit que s’il y a une demande en face, c’est beaucoup plus sain. Sur les gros diamants de 10 carats et plus, les laboratoires ne produisent que s’ils ont une commande, car c’est un processus très long et compliqué de façonner un beau gros diamant. De fait, ils ne vont pas monopoliser une machine pour faire un diamant dont ils ne maitrisent pas la vente (il y a une incertitude très forte de résultat, qualité, beauté quand on fait du diamant en laboratoire). 

 

Techniquement parlant, comment sont élaborées ces gemmes ? 

On ne fait que reproduire ce que la nature a fait… Techniquement, on met le carbone sous haute pression et haute température, et « magie de la nature » il se cristallise pour devenir du diamant. Il ne faut pas oublier que cela est très énergivore de créer du diamant en laboratoire, c’est pour cela que nous privilégions des laboratoires utilisant l’énergie la plus décarbonée possible Nous avons investi en France dans un laboratoire. L’Hexagone possède la troisième énergie la plus décarbonée au monde notamment. 

© Bastien Lattanzio

 

Quelle est la signature artistique Courbet et le processus créatif qui s’en suit ? 

Tout d’abord, Courbet n’utilise que les plus beaux diamants de laboratoire, des pierres qui viennent avec les mêmes certificats de gemmologie que ceux de mines, et avec les mêmes caractéristiques : couleur, pureté etc… Ensuite, nous n’utilisons que de l’or recyclé venant principalement des téléphones portables et ordinateurs (il y a plus d’or au-dessus de la Terre qu’en sous-sol, alors réutilisons-le). S’agissant de la signature artistique des bijoux, mon associée Marie-Ann Wachtmeister exprime sa créativité avec talent. Elle a travaillé par exemple sur les deux premières lettres de « Courbet » : le CO (ou la symbolique d’être ensemble) pour imaginer des collections, et récemment, elle s’est emparée des deux dernières lettres « ET » pour créer une bague deux doigts révolutionnaire. 

 

Les diamants fabriqués en laboratoire ont donc la même composition que les pierres naturelles nichées dans les mines. Jusqu’à quel point un œil expert peut-il s’y tromper ? 

C’est la même chose tout simplement, si je dois donner une image, je dirais que si le diamant de mine est un « bébé » alors le diamant de laboratoire est un « bébé éprouvette » … De fait, il faut des examens techniques très pointus pour le discerner, notamment une réaction a un bain d’azote liquide. Mais une fois encore, c’est du carbone qui se cristallise, comme de l’eau dans un congélateur qui devient de la glace. Quelle différence avec la glace dans la nature ? 

 

La fixation des prix sur le marché diamantaire repose sur un indice volatile décidé par le géant De Beers (détenteur d’1/3 de la production mondiale). Aujourd’hui, l’hégémonie du groupe sud-africain est chahutée par l’arrivée d’acteurs comme Courbet. Quelles sont les répercutions pour le client final et pour l’industrie in fine ? 

Je pense que le client final a enfin une alternative et qu’il a le choix, ce qui n’était pas le cas auparavant. Cela est plus sain. Sur les prix, cela permet aussi à des personnes qui souhaitaient acheter un diamant de 2, 3 carats ou plus d’accéder à ce plaisir.

 

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