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Explora 1, le palace des mers qui aime aussi le vert

Explora

Le groupe italo-suisse MSC est insatiable. Numéro un mondial du transport de conteneurs, leader européen en matière de croisière, il lance Explora Journeys pour rivaliser dans le secteur du luxe avec les grandes compagnies américaines. Sans négliger la préoccupation environnementale des fondateurs.

Un article issu du numéro 26 – printemps 2024, de Forbes France

 

On peut être octogénaires, milliardaires, avoir réussi au-delà de ses espérances, et continuer à relever d’improbables défis. Gianluigi et Rafaela Aponte, couple fondateur du groupe MSC, viennent en effet de créer une nouvelle marque, Explora Journeys, caractérisée par deux qualités rares dans ce secteur en pleine expansion : ses bateaux seront luxueux et green. « Ce challenge est apparu comme une évidence, explique Patrick Pourbaix, directeur général d’Explora Journeys France et Monaco. Il tient à l’histoire et à la personnalité de nos fondateurs. M. Aponte était au départ un marin, un capitaine de bateaux qui reliaient Naples à Capri. Son épouse était une cliente, fille d’un banquier suisse. Ils se sont mariés et ont bâti ensemble cette entreprise très prospère qui réalise 80 % de son chiffre d’affaires dans le transport de marchandises et 20 % dans la croisière. »Comment augmenter cette part de 20 %, se sont- ils interrogés ? En investissant dans la croisière de luxe, florissante outre-Atlantique. « Cela semblait d’autant plus naturel que le luxe représente leur univers au quotidien, ajoute Patrick Pourbaix. Cette famille fréquente les grands hôtels, possède un yacht sublime et… une conscience aiguë des sujets environnementaux. » Rafaela Aponte, la plus riche entrepreneuse de tous les temps selon Forbes US, s’occupe de la décoration intérieure des navires de la compagnie « grâce à un sens esthétique très sûr » selon le dirigeant belge d’Explora Journeys.

 

Un lobby impressionnant

Nous avons testé Explora 1 lorsqu’il naviguait dans les Caraïbes, en fin d’année dernière, entre La Barbade et La Martinique et, pour tout dire, nous n’en revenons toujours pas. Cet authentique palace des mers, qui compte 461 suites de 35 m2 minimum alors qu’il pourrait contenir plus de 1 000 cabines vu sa taille (248 mètres), étonne de la cale à la passerelle.

Commençons par le lobby qui évoque celui d’un palace international avec son bar illuminé et son mur d’alcools en tous genres. Affalé dans les gros fauteuils qui trônent dans cet espace « carrefour » très agréable du bateau, on oublie le temps qui passe en sirotant un cocktail mis au point par des mixologues avertis.

Les suites sont, quant à elles, spacieuses, confortables, hyper équipées, avec leur terrasse donnant sur le grand bleu, bichonnées par un butler aux petits soins. Certains détails méritent d’être signalés comme ces tables de chevet qui s’allument automatiquement quand on se lève dans la nuit, de manière à ne pas se prendre les pieds dans la moquette… Ou comme ce sac bourré d’instruments sportifs pour qui préfère faire de l’exercice dans sa chambre plutôt que dans la salle de fitness – une merveille de modernité et d’élégance soit dit en passant.

Le paquebot compte quatre piscines, petites et grandes, la principale pouvant être ouverte ou couverte en fonction de la météo grâce à un toit rétractable. Aucun risque d’attendre indéfiniment pour se tremper dans un jacuzzi brûlant, il y en a d’immenses avec leurs jets puissants et leur vue panoramique. Bien évidemment, il est aisé d’accéder aux meilleurs soins et massages prodigués par des spécialistes répartis dans neuf salles et un salon de beauté, à un moment de détente au spa ou même chez la coiffeuse, discrètement installée dans une cabine aménagée en salon.

 

Haute gastronomie

Mais l’aspect le plus spectaculaire d’Explora 1 reste peut-être la qualité de son offre gastronomique. On entame la journée avec un petit déj gargantuesque et savoureux, tant au niveau des viennoiseries, pains et laitages que des fruits exotiques (mention particulière aux papayes…)

servis autour du buffet central du bateau. La proposition salée est tout aussi impressionnante avec des omelettes préparées « minute », des poissons fumés, saucisses, du bacon, et même des plats plus sophistiqués que l’on pourrait servir plus tard dans la journée. Puis on poursuit au déjeuner et au dîner par l’un des six restaurants du bateau, les uns plus inventifs que les autres.

Le buffet à volonté où l’on prend ses repas sans réservation peut vous régaler certains jours de homards grillés à l’envi, de gambas sautées, si l’on veut rester dans le thème marin, mais aussi de viandes rôties ou de spécialités comme les pâtes aux truffes ou les ragoûts épicés. Pour finir le repas, les beaux appétits se rueront sur le plateau de fromages fort bien garni et la dizaine de desserts qui vont des fruits frais coupés ou en salade aux crêpes, en passant par les glaces « maison ». D’autres tables plus formelles se distinguent par un grand raffinement, notamment l’asiatique, où l’on déguste, entre autres, des sushis d’une fraîcheur parfaite et un excellent black cod. Le steack house et le restaurant méditerranéen valent aussi le détour, tout comme le « gastro » dont la carte est signée par un chef étoilé qui change chaque semestre. Lors de notre passage, le dîner concocté par la brigade fut enthousiasmant, des amuse- bouche aux mignardises. Mais attention, il faut réserver pour y être reçu. Les amateurs de face-à- face intimes pourront choisir de vivre l’expérience du repas pris dans la suite.

À noter que la formule all inclusive comprend les repas et boissons alcoolisées et soft ainsi que toutes les consommations servies dans les multiples bars du navire, des cafés de qualité au champagne. Seuls quelques breuvages d’exception comme, par exemple, les whiskys haut de gamme doivent être réglés en plus du forfait.

Côté entertainment, l’atelier cours de cuisine est animé par un couple de chefs sympathique et compétent. Une activité très prisée pour laquelle il vaut mieux s’inscrire à l’avance. Le casino est petit mais ingénieusement équipé avec deux tapis de jeux et plusieurs sortes de machines à sous. Une galerie située en étage élevé expose les œuvres d’un artiste contemporain et, en contrebas, une sélection de boutiques montre qu’Explora tient à son image hyper-luxe en présentant des produits d’exception à des prix… d’exception ! Quant aux soirées renouvelées quotidiennement, elles ne cherchent pas le « waouh effect » avec des shows spectaculaires de danseuses ou d’illusionnistes mais rendent hommage, en toute sobriété, aux grandes figures du jazz ou de la pop grâce à des musiciens qui jouent en live les standards qui ont bercé notre jeunesse.

 

Un bijou technologique

Si la promesse « luxe » d’Explora 1 est tenue haut la main, qu’en est-il de son exigence écologique ? Le groupe a recouru aux technologies les plus avancées afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre. La chaleur dégagée par les moteurs est recyclée en énergie. La conception des navires prévoit en effet le stockage de batteries rendant possible une production d’énergie hybride, ainsi que la toute dernière technologie de réduction catalytique sélective (SCR) qui permet de réduire les émissions d’oxyde d’azote de 90 %.

Les cuisines s’approvisionnent en circuit court. Autrement dit, des fruits, légumes et poissons frais sont livrés à chaque escale. D’ici quelques années, les bateaux Explora devraient parvenir à zéro émission hors propulsion grâce au gaz naturel liquéfié (GNL) qui équipera les Explora 3 et 4.

Et le groupe travaille à des systèmes alternatifs qui permettront aux paquebots 5 et 6 de naviguer sans polluer, grâce à l’hydrogène. « Nos dirigeants ont investi massivement pour répondre à ces nouvelles exigences, explique Patrick Pourbaix. Même si on a parfois tendance à exagérer l’importance du secteur de la croisière dans les émissions de carbone… » Force est, en effet, de constater que sur les 3 % d’émissions dus au trafic maritime, la part du marché de la croisière est infime puisqu’il n’y a que 320 paquebots de tourisme sur les 74 600 bateaux qui naviguent sur nos mers ! Dans le maritime, le transport de marchandises pèse donc bien plus lourd sur la balance environnementale et menace de progresser de façon exponentielle d’ici à 2050 si rien ne change.

 

Le goût de l’inédit

Les Explora, contrairement aux paquebots MSC, ne sont pas construits aux Chantiers de l’Atlantique dont les carnets de commande sont pleins, mais chez l’Italien Fincantieri, qui a déjà œuvré dans le secteur du haut de gamme pour le compte de compagnies américaines. Les Explora 2 et 3 sont en cours de fabrication et les 4, 5 et 6 suivront car la famille Aponte est convaincue que le créneau du luxe trouvera sa place en Europe. « Il est vrai qu’en France, les clients de la croisière ne sont pas tournés vers le très haut de gamme, explique Patrick Pourbaix. Certains ont goûté au premium via le Yacht club qui est un peu la première classe chez MSC. Mais il va nous falloir créer un nouveau marché en attirant les clients des palaces qui ont les moyens et le goût du luxe mais qui ont parfois des préjugés sur la croisière. » Le pari n’effraie pas l’équipe dirigeante d’Explora Journeys qui mise sur un marketing ciblé plutôt qu’une communication de masse pour faire connaître son produit d’exception. Et sur un certain goût de l’aventure des passagers potentiels puisque chaque croisière d’Explora sera unique. Les bateaux ne reproduiront jamais deux fois le même itinéraire, circulant au gré des saisons dans les régions du globe bénéficiant de la meilleure météo à l’instant « t ». Explora 1 arrivera, par exemple, en Méditerranée cet été après avoir traversé, entre autres, les Amériques et le Canada.


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