Croisière en Egypte avec Lazuli Cruise : et au milieu coule le Nil….

Juin 2024, ce n’est pas tout à fait la saison pour naviguer sur le fleuve majestueux. En principe, on attend des chaleurs moins fortes, de mi-octobre à avril. C’est maintenant.

En juin dernier, il ne faisait pas chaud sur Paris qui attendait impatiemment le printemps et mieux encore, l’été. Il faisait par contre particulièrement chaud en Egypte (37 ° à l’arrivée après 4h40 d’avion) un sérieux contraste avec les 13 ° d’une capitale laissée sous un crachin frisquet. Sacré contraste à tous les niveaux quand les rues de Louxor vivaient au ralenti sous la chaleur et que Paris préparait fiévreusement les J.O.

Louxor est notre première étape avant d’embarquer. Dans le principe, les clients de la compagnie Lazuli Cruise vont d’abord loger une nuit (ou plus) au Winter Palace***** (Construit en 1886 et entouré de jardins royaux centenaires, il surplombe le Nil et la nécropole de la rive occidentale), le temps de découvrir la beauté des différents sites historiques : les temples de Louxor, de Karnak, la Vallée des Rois…et des Reines, le temple de Philae. Il faut en effet plus d’une seule journée pour de telles découvertes imposantes, impressionnantes, émouvantes, qui racontent la vie, comme la mort, de ces rois et pharaons dont les plus anciennes sépultures affichent plus de 3000 ans. Sur les 65 tombeaux découverts, seuls 14 se visitent et un billet groupé ne permet que d’en découvrir 3 ! Prévoir plusieurs jours est une sage précaution, autant que de réserver un (bon) guide, un égyptologue confirmé (Et diplômé), à l’image du nôtre, le volubile et cultivé  Mamdou.

Ces fameux souvenirs, c’est vous qui allez les créer en parcourant les différents sites. L’occasion de souligner que la sécurité, une question qui revient souvent, est assurée par l’armée et que nous n’avons rencontré absolument aucun souci durant tout le voyage. Par contre, vous n’y échapperez pas, les vendeurs à la sauvette sont légions, le bakchich  une véritable religion, et on évitera si possible d’acheter des produits « Made in China », pour se faire conseiller les « bonnes » adresses pour les tissus de qualité (Coton), les vrais bijoux, les « bons » souvenirs. Et surtout : n’achetez « jamais » des bouteilles d’eau non fermées hermétiquement ! La Turista n’est pas un cadeau à ramener. On vous conseille même de prévoir quelques médicaments pour prévenir…ou guérir !

Dans le programme initial*, vous partez ensuite pour 30 minutes de route vers Esna, port d’attache de Lazuli. Votre « Dahabieh», élégant bateau à double voile latine, réplique moderne des barques sacrées des Pharaons, plaquées d’or à l’époque, vous attend (La flotte comprend 9 Dahabiehs et 2 Safari Boats).  Ces bateaux ont longtemps servi au transport de marchandises et on doit à Wally Aziz, le fondateur de la compagnie, cette renaissance et ce changement d’affectation. Notre dahabieh, comme tous ceux qui naviguent sur le fleuve, ne sont pas ce que l’on peut appeler « luxueux ». Ils ont cependant un charme certain. Les cabines –seulement une douzaine- sont relativement petites, à moins d’avoir choisi une master room, à l’avant du bateau, avec sa large baie vitrée s’ouvrant sur le fleuve. Ne vous attendez pas à avoir la télévision et pour le wifi, on vous conseille vivement d’acheter un passe dédié à l’aéroport pour la durée de votre séjour.

Le plus étonnant est que ces bateaux ne sont pas motorisés (Un prochain bateau à vapeur va bientôt venir renforcer la flotte de la compagnie), mais tirés par d’antiques tracteurs dont les gros Diesels troublent à peine la quiétude du site. Quand il y a du vent, le bâtiment, qui comporte deux voiles, à l’image des felouques, peut naviguer seul, mais cela reste assez rare et tel n’a pas été le cas durant cette semaine de navigation. On appréciera d’ailleurs le talent de pilote de ces tracteurs, rompus à la manœuvre, notamment les accostages. Le personnel de bord, à la fois marins, cuisiniers, serveurs, d’une discrétion exemplaire et d’une gentillesse remarquable, accomplit ses missions avec une sérénité en harmonie totale avec le leitmotiv de cette croisière : « Contemplation sur le Nil ».

Comme la chaleur était montée au-delà des 40 °, on appréciait à sa juste valeur la fraîcheur de cet environnement aquatique. Contrairement à ce que d’aucuns pourraient prétendre, il n’y a pas de crocodiles dans le fleuve et vous n’oublierez pas d’emporter votre maillot de bain, même si l’eau est plutôt fraîche. Il y a un jacuzzi sur le pont, c’est déjà ça. En dehors des escales, la vie à bord est tranquille. Le midi, on mange « végétarien », avec de belles salades. Pas facile de faire accepter ce principe dans un pays qui considère que de ne pas proposer de la viande à ses invités peut être considéré comme une offense. Même si on n’en fait pas la publicité, il y a quand même de l’alcool à bord et un verre de blanc ou de rosé accompagnera parfaitement ces salades généreuses et goutteuses.

Les soirées sont différentes. D’abord, on ne navigue pas la nuit. On se retrouve au bar avant de passer à table, en s’attardant sur le coucher de soleil sur le Nil. Les plats, avec de la viande cette fois-ci, défilent. C’est varié, coloré, bon. Pas de DJ à bord, un baffle diffuse une musique d’ambiance qui se coupera assez vite. A moins d’entamer une discussion avec un autre passager, avec un thé à la menthe, un jus pressé, on ne s’attarde guère. Un bon livre ?

Les journées défilent ainsi, paisiblement, marquées par des animations. La visite d’un village nubien (Il est recommandé dans ce cas de prévoir des cadeaux « utiles »  pour les enfants : papier, crayons de couleur, stylos, fournitures scolaires…), où vous partagerez le pain et le thé préparés par les femmes, une partie de pêche, une baignade, une escapade en montgolfière au-dessus de la Vallée des Rois, une balade en felouque dans les îles Éléphantines avec un déjeuner surprise au milieu du Nil… Ou encore une rencontre avec un personnage intéressant comme Roseline Charpentier, thérapeute et enseignante à l’Université de Poitiers venue nous parler « des chiffres…de l’Egypte antique à nos jours, quelle influence ont-ils sur nos individualités».

Cinq, voire six jours pas comme les autres, qui laissent le temps d’apprécier la beauté de cette nature préservée. Le retour à Paris va être une autre affaire. On peut enfin se baigner dans la Seine ? 

* Les départs se font le samedi. La saison va d’octobre à mai. Les tarifs commencent à partir de 1500 € par personne.