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Quatrième IPO pour le fondateur de Groupon, Eric Lefkofsky

Eric LefkofskyEric Lefkofsky. | Source : capture d’écran vidéo

Eric Lefkofsky, fondateur et PDG de Tempus AI, une société spécialisée dans les technologies de la santé, s’est entretenu avec Forbes au sujet de l’introduction en bourse de sa société. Celle-ci s’appuie sur un vaste ensemble de données génomiques ainsi que des données relatives aux patients, le tout formé par l’intelligence artificielle (IA).

Article de Phoebe Liu pour Forbes US – traduit par Flora Lucas

 

Il y a cinq ans, Eric Lefkofsky, milliardaire et entrepreneur en série basé à Chicago, a déclaré à Forbes qu’il espérait que sa société spécialisée dans l’analyse des données de santé et la médecine de précision, Tempus AI, serait son « projet d’héritage ». Aujourd’hui, Tempus AI est son actif le plus précieux et sa quatrième société à entrer en bourse.

Jeudi 13 juin, l’action Tempus AI a été cotée au Nasdaq pour 37 dollars l’action et les premiers échanges ont eu lieu vendredi, permettant à Tempus AI d’enregistrer une capitalisation boursière de 6,1 milliards de dollars (ce qui est inférieur à la dernière évaluation privée de la société, qui était de 8,5 milliards de dollars après un cycle de financement en 2022). Eric Lefkofsky, fondateur et PDG de la société, détient une participation estimée à 33 % dans Tempus AI, pour une valeur de 2 milliards de dollars. La fortune nette d’Eric Lefkofsky est donc d’environ 3,9 milliards de dollars. Tempus AI est la première société du milliardaire à entrer en bourse depuis l’IPO de Groupon en 2011, une introduction qui a fait de lui un milliardaire.

Si le cours de l’action de Tempus AI se maintient ou augmente, cela pourrait ouvrir la voie à l’introduction en bourse de plusieurs concurrents privés de Tempus AI, après plusieurs années d’un marché des IPO plutôt inactif.

 

Les débuts de Tempus AI

Eric Lefkofsky a fondé Tempus AI en 2015, après que sa femme a été diagnostiquée d’un cancer du sein et qu’il était « tout simplement déconcerté face au manque de données utilisées dans l’élaboration du protocole de soins », a-t-il déclaré à Forbes en 2019. La société, qui compte 2 300 employés, s’est d’abord concentrée sur l’oncologie, séquençant, par exemple, des échantillons de tumeurs de patients cancéreux et les analysant avec des modèles formés à l’apprentissage automatique pour aider à déterminer un diagnostic plus précis et un traitement personnalisé. Ensuite, Tempus AI a élargi progressivement son activité à d’autres domaines de maladies : neuropsychiatrie, radiologie et cardiologie. Parmi ses clients figurent plus de 2 000 prestataires de soins de santé qui envoient les échantillons de leurs patients pour qu’ils soient testés, ainsi que 19 des 20 plus grandes sociétés pharmaceutiques au monde, qui accordent des licences d’utilisation des énormes quantités de données de Tempus AI pour la découverte de nouveaux médicaments. Tempus AI a perdu 214 millions de dollars sur un chiffre d’affaires de 532 millions de dollars en 2023 : les principales dépenses de la société comprennent le coût des tests génétiques, les dépenses de recherche et de développement, ainsi que l’achat et la formation des données. Son objectif à long terme, selon un document déposé auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC) concernant l’IPO, est d’utiliser l’IA pour analyser les données relatives aux soins de santé et personnaliser davantage les soins dans « tous les principaux domaines pathologiques à l’échelle mondiale ».

« Je suis ravi de continuer à diriger la société au cours de la prochaine période de son histoire, en tant que société cotée en bourse », a déclaré Eric Lefkofsky à Forbes lors d’un appel téléphonique vendredi matin. « Nous n’en sommes qu’aux prémices de l’application de toute forme d’IA aux soins de santé. Il y a tant à faire et tant de bénéfices que les patients peuvent en tirer, ce qui est extraordinaire. »

 

Tempus AI en chiffres

La société Tempus AI a été lancée avec un financement de 10 millions de dollars de Lightbank, une société de capital-risque cofondée et créée par Eric Lefkofsky et son partenaire commercial de longue date et cofondateur de Groupon, Brad Keywell. Depuis, des investisseurs tels que Google, New Enterprise Associates, Revolution (du milliardaire et cofondateur d’AOL, Steve Case), Softbank et la société de gestion de placements Baillie Gifford ont injecté plus de 1,3 milliard de dollars dans Tempus AI. La société a également levé des fonds par le biais d’un financement par l’emprunt, principalement auprès de la société d’investissement alternatif Ares Management. Dans sa déclaration à la SEC concernant l’IPO, la société Tempus AI indique qu’elle pourrait utiliser une partie du produit de l’introduction en bourse pour rembourser le prêt de 266 millions de dollars. Tempus AI a levé 410 millions de dollars grâce à son IPO.

La participation de 33 % d’Eric Lefkofsky après une IPO est inhabituelle dans le monde des entreprises technologiques à forte croissance, financées par du capital-risque, où les investissements extérieurs sont généralement dilués. Eric Lefkofsky possède également toutes les actions de contrôle de Tempus AI, ce qui lui confère environ 65 % des droits de vote. Parmi les autres actionnaires importants de la société, on trouve le milliardaire Brad Keywell et son ex-femme Kimberly Keywell, qui détiennent chacun environ 10 % de la société, et la société de gestion de placements Baillie Gifford, qui en possède environ 6 %.

Tempus AI est l’une des neuf sociétés au moins qu’Eric Lefkofsky a fondées ou cofondées. En outre, la société a racheté environ 20 % de la dernière start-up du milliardaire, la société de développement de médicaments Pathos AI, pour environ un cent par action, soit environ 4 millions de dollars. La valorisation de Pathos AI est aujourd’hui estimée à 400 millions de dollars, Eric Lefkofsky en détient environ 65 %.

Au fur et à mesure qu’Eric Lefkofsky s’est enrichi et a gagné en expérience, il a conservé des parts de plus en plus importantes dans les entreprises qu’il a cofondées. Lors de l’introduction en bourse de la société de technologie marketing InnerWorkings en 2006, Eric Lefkofsky détenait environ 11 % de la société. Après l’introduction en bourse d’Echo Global Logistics en 2009, il en détenait 13 % et lors de l’introduction en bourse de Groupon en 2011, il en détenait 21 %. Depuis, InnerWorkings et Echo Global ont cessé leurs activités et le cours de l’action Groupon a chuté de 95 % par rapport à son IPO.

 

Un succès à long terme ?

Le succès à long terme de Tempus AI sur les marchés publics pourrait dépendre de sa capacité à atteindre le seuil de rentabilité le plus tôt possible. Malgré un bond de 66 % de son chiffre d’affaires entre 2022 et 2023, Tempus AI perd encore de l’argent. La société dispose actuellement d’un fonds de roulement de 57 millions de dollars et d’une dette de 450 millions de dollars, ce qui est suffisant pour « financer son plan d’exploitation actuel » pendant encore au moins un an, selon la déclaration d’enregistrement de la société.

« L’entreprise perd énormément d’argent à un moment où les entreprises sont pénalisées pour avoir perdu énormément d’argent », a déclaré Donovan Jones, analyste chez Seeking Alpha. À l’heure actuelle, les entreprises technologiques qui s’introduisent en bourse « ont tendance à être un peu plus à la recherche de liquidités » que les entreprises qui peuvent attendre, a ajouté Donovan Jones.

Cependant, Eric Lefkofsky est optimiste concernant Tempus AI, compte tenu de la croissance impressionnante de son chiffre d’affaires. Si Tempus AI maintient sa trajectoire actuelle, la société devrait devenir rentable dans un « avenir assez proche ».

Dans un billet de blog expliquant pourquoi il a investi si massivement dans Tempus AI, la société de gestions de placements Baillie Gifford a mis l’accent sur le modèle commercial à deux volets de la société : la génomique et les tests connexes, qui représentent 62 % des recettes de Tempus AI, ainsi que les données et les services, qui génèrent les 38 % restants. La capacité de Tempus AI à monétiser les données elles-mêmes, qui augmentent et s’améliorent au fur et à mesure que les patients envoient des échantillons à la société pour analyse, pourrait lui permettre de devenir rentable.

Bruce Quinn, consultant en technologies de la santé, a loué la vision d’Eric Lefkofsky, qui consiste à regrouper les dossiers cliniques et les services de tests cliniques au sein d’une seule et même entreprise : « C’est ce que je considère comme caractéristique de la direction [d’Eric Lefkofsky]. » Il a ajouté que Tempus AI peut se développer si la société continue d’étendre ses collaborations pharmaceutiques, qui « sont généralement positives en termes de flux de trésorerie ». Les difficultés sont plus élevées lorsqu’il s’agit d’accroître le chiffre d’affaires du volet génomique de Tempus AI, d’autant plus que le marché pour les maladies autres que le cancer est plus restreint, selon Bruce Quinn.

Tempus AI fait son entrée sur un marché de l’introduction en bourse qui n’est pas très favorable et dans un espace concurrentiel très encombré, comprenant des sociétés telles que Guardant Health et Neogenomics, ainsi que ConcertAI, une filiale de SymphonyAI du milliardaire Romesh Wadhwani. Mardi 11 juin, Guardant Health a intenté une action en justice contre Tempus AI, accusant la société de violer certains de ses brevets (quatre des produits de Tempus AI utiliseraient une technologie de biopsie liquide brevetée par Guardant Health). « Nous avons l’intention de nous défendre vigoureusement dans cette affaire », a communiqué la société dans sa plainte.

 

Quel avenir pour Tempus AI ?

À mesure que Tempus AI se développe, Eric Lefkofsky espère que la société pourra monétiser des services tels que les modèles d’IA qu’elle contribue à créer pour les médecins afin de les aider à suggérer des tests et des thérapies pour les patients. Ces modèles ne génèrent actuellement que peu de chiffres d’affaires pour la société (moins d’un million de dollars au cours des trois derniers mois, bien qu’ils soient déployés dans plus de 100 hôpitaux). « Nous n’avons pas encore trouvé le bon moyen de rembourser les entreprises comme la nôtre, mais nous pensons qu’avec le temps, si c’est le cas, ces services seront déployés à grande échelle », déclare Eric Lefkofsky.

Bien que Tempus AI soit la quatrième entreprise d’Eric Lefkofsky à entrer en bourse, il affirme que c’est une histoire unique pour lui, car c’est la première fois qu’il est PDG d’une entreprise qu’il a fondée au moment de son introduction en bourse.

« On apprend quelque chose de chacune de ces entreprises, qu’elles marchent très bien ou non », explique Eric Lefkofsky. « Lorsque nous avons créé Tempus AI, l’un des principaux enseignements que nous avons tirés est que nous voulions vraiment prendre notre temps et mettre en place des bases solides pour l’entreprise. Se concentrer sur l’oncologie, se concentrer sur un marché, en l’occurrence les États-Unis. Nous avons fait preuve de diligence dans la construction d’une base qui nous semblait capable de soutenir une croissance à long terme, au lieu de croître trop rapidement et de se développer trop rapidement à l’échelle internationale. »

 


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