La secrétaire d’Etat au numérique et à l’innovation dresse, dans le second volet de notre entretien, le bilan de la « French Tech » et se félicite de la position désormais incontournable de la France aux yeux des investisseurs.
A l’occasion de votre déplacement en Israël pour le « DLD de Tel-Aviv », en septembre dernier, vous déclariez que « la France était une grande nation en matière d’innovation et de start-ups et qu’il fallait le faire savoir ». Quels sont justement, selon vous, les arguments de notre pays à faire valoir en la matière ?
Deux chiffres pour bien se rendre compte de la dynamique actuelle de la France dans ce domaine : au premier trimestre 2016, nous étions le premier pays européen en matière de transactions sur le marché du capital-risque. Au troisième trimestre, nous disputons désormais le leadership à Londres concernant les montants des transactions, loin devant Berlin avec 875 M$ levés. Si les investisseurs sont au rendez-vous, c’est justement parce que l’offre proposée par les start-ups et entreprises innovantes françaises est résolument attractive. Et clamons-le haut et fort : la France est sur la carte du monde des pays qui comptent le plus dans la Tech. Le projet French Tech, qui abrite en son sein 13 métropoles labélisées et 9 réseaux thématiques répondant à un cahier des charges des plus exigeants n’est pas que du marketing. La French Tech est l’émanation d’une réflexion collective structurée autour de l’innovation avec des thématiques aussi diverses et variées que l’internet des objets, les biotechs, les medtechs, la cybersécurité ou encore l’intelligence artificielle. Des domaines sur lesquels les entreprises françaises sont particulièrement bien positionnées. Les mises en relation de tous ces acteurs, autour du label French Tech, permet ainsi de faire de l’innovation sur l’ensemble du territoire national.
Vous diriez donc que la French Tech est désormais parfaitement identifiée par les investisseurs ?
Complètement. Il convient, à ce titre, de rappeler le rôle prépondérant de la Banque publique d’investissement (Bpifrance) qui investit à hauteur de 1,2 milliards d’euros dans l’innovation dans notre pays. Nous avons, pour notre part, particulièrement dynamisé le marché de l’investissement privé. Toutefois, deux défis se présentent encore à nous : renforcer l’attractivité pour les investisseurs étrangers en France afin qu’il y ait davantage d’investissements directs dans des startups françaises, mais également travailler à l’internationalisation du marché du capital risque. Quand j’évoque l’internationalisation, je pense surtout à l’européanisation.
Que préconisez-vous, justement, pour développer des synergies à l’échelle européenne ?
Cette idée de mettre en concurrence des places comme Paris et Berlin est contreproductive. Il faut créer des réseaux d’investisseurs dans toute l’Europe, ce qui va leur permettre de « démultiplier » leur capacité d’investissement. On compare toujours, par exemple, les financements français aux financements américains mais cela n’a strictement aucun sens. Il faudrait davantage comparer ce qui se passe au plan européen avec la Chine, l’Inde ou encore les Etats-Unis. Il y a, à mon sens, de véritables complémentarités à trouver avec nos partenaires. Pour cela, il faut avoir une vision très « paneuropéenne » du marché du financement.
Autre initiative, pour encourager l’investissement, la création du « compte-entrepreneur-investisseur » censé favoriser la prise de risques chez les business-angels. Pouvez-vous nous présenter ce dispositif ?
Nous avons mobilisé tous les outils de financement possibles mais il manquait encore un mécanisme dédié à produire un cercle vertueux de l’investissement individuel privé. Investir dans une start-up est une prise de risques. Aujourd’hui, la fiscalité en vigueur est pénalisante. Il était absolument impératif de remédier à cela en créant ce compte PME Innovation qui permet de différer la taxation des plus-values sur deux ans en attendant le réinvestissement, et de compenser plus-values et moins-values. Le dispositif sera inclus dans le projet de loi de finances rectificative. Une fois validé, je pense que nous disposerons d’outils suffisamment efficients pour rendre la France la plus attractive possible.
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