Passionné d’économie circulaire, Pierre-Emmanuel Saint-Esprit co-fonde ZACK à 22 ans. Leader en France de la seconde vie des produits électroniques et de l’allongement de leur durée de vie (recyclage, réparation, revente, don à des associations), la start-up est rachetée par le groupe Manutan en février 2022. Son objectif ? Devenir le distributeur européen BtoB de référence sur l’économie circulaire.
Pourquoi une entreprise comme Manutan se lance-t-elle dans l’économie circulaire ?
Nous n’avons pas le choix ! 90 % de notre empreinte carbone résulte des produits que nous vendons (Scope 3). Aussi, vendre des marchandises durables, de seconde main, d’occasion, reconditionnées et donner une seconde vie aux produits de nos clients est la seule manière d’être crédible sur notre plan de neutralité carbone pour 2025.
En tant que Groupe européen présent dans 17 pays, nous devons également nous conformer aux réglementations nationales comme la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire en France et au Green Deal, le plan de l’Europe pour réduire de 55% nos émissions à horizon 2050. De plus, le sujet de l’épuisement des ressources naturelles est un enjeu majeur qui va en s’accélérant. Les produits usagés vont devenir des mines d’or.
Le marché global de la seconde main en e-commerce entre 2021 et 2025 présentera une croissance pour l’Europe de 60%. En ce qui concerne le BtoB, le cabinet Mac Kinsey escompte 500 milliards en Europe pour 2030.
Je suis convaincu que le réemploi est une énorme opportunité économique, écologique et sociétale pour la France, pour réindustrialiser de manière durable.
Quelle est la stratégie de Manutan ?
Les objectifs de vente du Groupe sont de 17% sur l’offre éco-responsable d’ici fin 2024 : des produits éco-conçus qui intègrent au minimum 25% de matière recyclée, d’occasion et/ou reconditionnés et/ou ont un label environnemental.
Afin de permettre à nos clients de faire un choix éclairé et à nos fournisseurs de s’engager dans une démarche d’écoconception pour les produits neufs, nous avons créé le Score d’Impact Environnemental Produit, basé sur l’analyse du cycle de vie des produits s’inspirant de la méthode PEF (Product Environmental Footprint) de l’Union Européenne avec plus de 16 indicateurs différents. L’idée est d’accompagner la transformation de nos modèles à partir de données concrètes.
Et sur le réemploi des produits numériques, comment s’applique le principe de circularité ?
Nous collectons les produits électroniques usagés auprès des entreprises et collectivités publiques que nous traitons dans un centre logistique d’insertion professionnelle dans l’est de Paris. L’impact sociétal est au coeur de notre modèle. Ils sont ensuite triés et, ceux pour lesquels c’est possible, reconditionnés et donnés à des associations. La seconde vie donnée à ces produits permet aux détenteurs de baisser concrètement leur empreinte carbone. En effet, 80 % de l’empreinte numérique d’une organisation porte sur les outils (ordinateurs, téléphones, tablettes, imprimantes…). Nous participons ainsi à la réduction de l’empreinte environnementale de nos clients. Via ce service, nous sommes aussi un des acteurs de la loi de réduction de l’empreinte environnementale numérique (REEN) pour les collectivités de plus de 50 000 habitants.
Vous êtes le premier acteur industriel à avoir internalisé la filière mobilier d’occasion
Aujourd’hui, si 82% du mobilier professionnel est recyclé notamment grâce à notre éco-organisme partenaire Valdélia, le taux de réemploi n’est que de 4 %. Notre objectif est de pousser au maximum ce taux de réemploi. Pour internaliser cette chaîne, nous avons décidé de lancer nous-même une activité de reconditionnement dans un entrepôt de 3 000 mètres carrés au Bourget (Seine-Saint-Denis). L’insertion professionnelle est au cœur de ce projet pour lequel les collaborateurs recrutés sont issus de parcours d’insertion au sein de l’association Sport dans la Ville ou du groupe Arès.
